Le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne ont remis au Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies leurs réponses au rapport de Goldstone sur les exactions commises dans la Bande de Ghaza. Israël s'engage dans sa réponse de 46 pages à ce que « chaque incident fasse l'objet d'une enquête complète et juste pour faire en sorte que des leçons en soient tirées et que, si cela se justifie, des procédures disciplinaires ou criminelles soient engagées ». «L'armée israélienne a agi de manière responsable, éthique, morale et précise, même dans les conditions les plus difficiles», explique dans cette réponse Ehud Barak, le ministre israélien de la Défense, présentant le rapport Goldstone comme «faux, partial et déséquilibré». Sans faire aucune référence à une commission d'enquête indépendante ou renoncer à ses critiques sur la légitimité de la commission d'enquête menée par le juge sud-africain, l'Etat hébreu qui est empêtré dans le tollé diplomatico-médiatique provoqué par ce rapport, Israël tente avec ses «46 pages» de calmer le jeu, car en s'obstinant à ne pas coopérer avec l'ONU et à rejeter en bloc ce rapport, il risquait gros. Goldstone recommande la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) si Israël n'annonce pas des «enquêtes crédibles»dans les trois mois. Ses responsables politiques et militaires pourraient être poursuivis, et éventuellement condamnés, par la justice internationale. Le Conseil de sécurité qui se réunira le 6 février pour plancher sur ces réponses sera-t-il convaincu par cette manœuvre dilatoire des Israéliens ? Pas sûr. Même les organisations israéliennes de défense des droits de l'homme sont pour une enquête indépendante sur «l'ampleur des destructions et des victimes civiles». L'Autorité palestinienne qui n'est plus au pouvoir à Ghaza où règne en maitre Hamas depuis juin 2007, a remis elle aussi sa réponse. Selon Ryad Mansour, l'observateur palestinien à l'ONU, cette réponse écrite par Salam Fayyad, le Premier ministre, contient un rapport préliminaire rédigé par une commission d'enquête de cinq juges. «Il n'y a aucune symétrie entre le pouvoir d'occupation, Israël, et ses actes criminels, dont des crimes de guerre commis contre notre peuple, et tout acte qui aurait pu être commis par le côté palestinien, ceux qui vivent sous l'occupation», dit-il en réponse au rapport qui a mis le même pied d'égalité les «obus» au phosphore de Tsahal et les roquettes du mouvement islamiste qui font plus de bruit que de dégât. Hamas qui a refusé de créer une commission d'enquête comme Israël semble avoir changé d'avis. Mercredi, le mouvement islamiste qui a absous de tout crime de guerre, les groupes armés palestiniens, a affirmé avoir enquêté conformément aux recommandations du rapport Goldstone. Ce rapport -du nom du juge sud-africain Richard Goldstone- qui a été approuvé le 5 novembre dernier par l'Assemblée générale des Nations Unies, a demandé aux Israéliens et Palestiniens de réaliser avant le 5 février, soit la veille d'une réunion du Conseil de sécurité, des enquêtes «crédibles» sur ces «violations de droits de l'homme», voire crimes de guerre et crimes contre l'humanité s'ils ne veulent pas une saisine de la Cour pénale internationale. Critiquée de toutes parts, l'Organisation des Nations unies que les trois quarts de l'Humanité veulent mettre à jour, mettra en jeu, le peu de crédibilité qui lui reste le 6 février prochain : Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, y présentera les «deux» réponses qu'il a reçues. Osera-t-il recommander au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale pour «sanctionner» Israël ? Les partisans d'une «Paix Juste» entre Palestiniens et Israéliens s'apprêtent à manifester un peu partout dans le monde ce jour-là pour rappeler à Ban Ki-moon que le blocus instauré depuis trois ans par Israël à Ghaza interdit toujours toute reconstruction des habitations et édifices détruits par «Plomb durci».