Le Théâtre National Algérien Mahieddine-Bachetarzi a abrité samedi dernier en soirée, la dernière représentation théâtrale de la production du théâtre régional de Mascara (TRM), inscrite à la manifestation «Carte blanche». Il s'agit de la pièce «le dernier voyage» mise en scène par Ahmed Bel Alam d'après une adaptation de la pièce «Nuit» de l'un des pères du théâtre maghrébin contemporain, Abderrahmane Kaki. La mort n'est qu'un passage inéluctable que l'Homme doit emprunter dans son destin. Pourquoi pleurer, pourquoi résister ? Il faut continuer à vivre, espérer, combattre car même après la mort la vie continue. La réalisation de cette pièce qui s'inscrit dans le registre du théâtre expérimental a duré deux mois, scindée en six tableaux, interprétée par huit artistes comédiens, est d'une heure huit minutes avec un décor soigné et simple. Il est édifié autour de trois trônes, dans lesquels sont poinçonnés des symboles berbères, une sorte de pierres tombales. L'éclairage est sombre, il sied et épouse parfaitement le texte, appuyé par une conception sonore classique et triste parfois même soporifique. Il est à remarquer que ce metteur en scène n'a rien laissé «échapper». Il s'est préoccupé de la langue, du travail d'acteur, du décor, de la lumière, de la musique et du rythme. Seulement, ce metteur en scène n'a pas apporté de larges modifications à cette pièce de théâtre, il l'a meublé de quelques dialogues. Dans ce drame, Salim vit dans des conditions déplorables. Il essaye, à sa manière, d'apprendre à vivre, car la misère n'a jamais été une fatalité en soi. Le dernier jour approche, ce personnage fait connaissance de «Rahmoune» qui personnifie la sagesse et «El Khanssa», l'incarnation de la mort. Cette analogie de la vie et la mort met en exergue le côté misérable de l'existence humaine. On remarque que cette pièce est assez analogue au texte «Le prince» de Saint-Exupèry. L'amour d'une fleur, sachant que la vie d'une fleur est éphémère exactement comme la nôtre. Salim campe fantastiquement le rôle de la fleur. La distribution du jeu théâtral est réussie, les comédiens accrochent le public. Ils exploitent un dialogue en arabe dialectal, clair et concis. Cette pièce de théâtre revêt un cachet particulier. On comprend que l'Homme néglige souvent le côté spirituel de la vie et table le côté matériel. On comprend également qu'il est nécessaire de dépasser le stade de la vengeance, de la rancune, de la médisance….et autres formes de mal. En clair, la vie ne mérite pas d'être gâchée, car elle est trop courte. Et à Rachid Djerourou, directeur du théâtre régional de Mascara, de conclure : «Le théâtre doit œuvrer à conserver les valeurs dynamiques de la culture algérienne et présenter, ainsi, un miroir au peuple, dans lequel, il se voit. Je suis très heureux d'avoir présenté nos productions au TNA. Nous avons beaucoup appris de notre expérience ». Ahmed Bel Alam est un des disciples du regretté Abderrahmane Kaki. Il est comédien et metteur en scène. Il a réalisé et adapté de nombreuses pièces théâtrales en l'occurrence « El Hakem », « Dem El Hob », « El garagouze », « 10-19 ». Il sera membre du jury du festival national du clown prévu prochainement à Médéa.