Photo : Slimene S. A. Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, a effectué hier une visite inopinée au niveau de certains centres d'accueil de la petite enfance de l'Algérois. Les raisons ? Lever le voile sur les conditions d'accueil des bambins dont la plupart ont été placés dans des garderies qui ne sont soumises à aucune norme. Au centre d'accueil « Au petit foyer » situé dans le quartier Jolie Vue de Kouba, la surprise fut grande pour l'éducatrice qui s'est retrouvée face à la délégation ministérielle. Le ministre s'est dirigé au réfectoire. Tout en félicitant le directeur sur les conditions d'hygiène, il lui a reproché l'étroitesse du réfectoire. « Les enfants doivent se mettre ensemble pour inculquer la culture du groupe et de l'union tout en étant à l'aise », a souligné le ministre. Et d'ajouter : «Il faut aménager le hall et profiter de l'espace ». A titre indicatif, cette crèche accueille 60 enfants âgés de 6 mois à 5 ans. A la salle des grands, les filles et garçons suivaient attentivement leur dessin animé préféré. A la chambre des bébés, le ministre a été surpris par la porte qui ne voulait pas s'ouvrir. M. Ould Abbès n'a pu apercevoir les nourrissons qu'à travers les fenêtres en verre. Ils étaient tous endormis, seul un petit garçon réveillé par le glissement des clefs a jeté ses paires de chaussures comme pour demander à son éducatrice de venir le chercher. Que serait-il arrivé en cas d'incendie, d'inondation ou de tremblement de terre ? A l'étage, les enfants en bas âge qui dormaient étaient tous simplement entassés dans une salle exiguë à côté du WC. Pour faire entrer leurs enfants dans ces lieux, les parents s'acquittent de 6000 DA par mois. Au Centre d'accueil de la petite enfance du Sacré Cœur, l'atmosphère était plus rassurante. Le propriétaire a transformé un espace en une aire de jeux recouverte de verdure. Pour mener à bien le programme pédagogique, les enfants sont placés dans un appartement au premier étage aménagé en classe selon l'âge. Seuls inconvénients : le personnel n'est pas diplômé, l'espace d'accueil est étroit et absence d'une salle de soins. Et tout ça pour la bagatelle de 7000 DA par mois. Face à cette situation, le ministre a averti que « les éducatrices doivent être diplômées pour assurer aux enfants un bon développement physique, affectif et mental ». Il a en outre précisé qu'une crèche doit obligatoirement être placée sous la responsabilité permanente d'un médecin, d'un psychologue, d'un enseignant, d'un éducateur qualifié comme le stipule la réglementation. Fascicule à la main, M. Ould Abbès a, sur un ton strict, prévenu que le décret exécutif signé en septembre 2008 par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, tend à réglementer l'activité de ces établissements d'accueil de la petite enfance, conformément aux conditions pour la création des crèches. Le nombre des crèches en exercice au niveau national est de près de 500 dont 58 gérées par le ministère de la Solidarité nationale. Selon le ministre, plus d'une dizaine d'établissements ont été fermés pour non-conformité au cahier des charges.