Photo: HORIZONS. L'Algérie rappelle «pour consultation» son ambassadeur à Bamako. La raison ? Le 21 février, le Mali a libéré quatre terroristes dont deux Algériens (Mohamed Ben Ali et Tayed Nail), un Mauritanien (Beid Ould Nafaa) et un Burkinabé (Houd Karifo ) réclamés par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l'organisation terroriste, en échange de la libération de l'otage français Pierre Camatte « sous le prétexte fallacieux qu'ils ont été jugés et ont purgé leur peine ». Pris en tenaille entre l'Algérie, la Mauritanie et le Burkina Faso qui réclamaient leurs terroristes et la France qui voulait sauver le compatriote de Bernard Kouchner même au prix d'un pacte avec le diable, le Mali a tranché en infligeant aux quatre détenus une peine de neuf mois ferme pour « « port illégal d'armes et détention de munitions » équivalente à leur temps passé en prison dans un simulacre de procès organisé à 6 heures du matin. Du jamais vu ! Les quatre prévenus n'ont même pas eu à répondre sur la raison de leur port d'armes, leur présence dans le Nord du Mali et leurs liens avec Al-Qaïda, l'ennemi public n°1 de la communauté internationale qui les a revendiqués avant de demander leur libération. Dire que la France, membre permanent du Conseil de sécurité et le Mali savent qu'il est interdit dans la lutte contre le terrorisme de céder aux chantages. Résultat des courses : Bamako s'est attiré les foudres d'Alger qui «condamne et dénonce avec force cette attitude inamicale du gouvernement malien qui a fait fi de la Convention bilatérale de coopération judiciaire (...) au nom de laquelle la demande d'extradition des deux ressortissants algériens, poursuivis par la justice algérienne pour des actes terroristes, a été formulée en septembre 2009 et réitérée en février 2010». «La décision du gouvernement malien viole les résolutions pertinentes et contraignantes du Conseil de sécurité des Nations unies et les engagements bilatéraux, régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme», indique le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. La Mauritanie a protesté elle aussi contre la « «surprenante» décision malienne de «remettre à une partie terroriste un Mauritanien réclamé par la justice mauritanienne. Elle a rappelé son ambassadeur à Bamako et estimé que «cette mesure non cordiale (...) porte atteinte aux relations séculaires existant entre les deux pays». La décision du gouvernement malien est «un développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne» prévient l'Algérie, un pays qui a lutté une décennie durant seul et souvent dans l'adversité contre le terrorisme.