L'œuvre de Mouloud Feraoun a été fortement marquée par un témoignage sur la région qui l'a vu naître. Peut être par amour, il rendra hommage à sa façon, lui, l'instituteur, l'humaniste et le réaliste, a cette terre et ces gens. Il faut dire aussi que par sa notoriété, il était l'écrivain de cette Kabylie, d'où cette appellation concernant son écriture : «Littérature ethnographique». Trois thématiques marquent ses œuvres, à savoir, la terre natale, la condition des Kabyles et l'exil. Son ami Emmanuel Roblès qui avait reçu une «invitation» de Feraoun pour écrire un roman sur la Kabylie, lui répond : «Tu ne comprends donc pas que c'est là ton boulot. C'est ta voix que nous voulons entendre. Au travail». • Le Fils du pauvre, écrit en 1950, qu'il lui a valu le prix littéraire de la Ville d'Alger, est un récit très autobiographique qui porte sur l'enfance et l'adolescence de l'écrivain replacées dans son espace natal Tizi-Hibel et à travers le personnage «Fouroulou». Un roman au projet ethnographique très fort. • La Terre et le sang, le Seuil 1953 : dans ce roman qui a obtenu le prix populiste, l'autobiographie cède la place à la fiction mais ancrée dans l'ethnographie : le récit se passe à Ighil-Nezman avec une description plus littéraire (la dimension de l'imaginaire est plus importante) de l'espace rural (chez l'écrivain), de la vie quotidienne à travers le village et sa Djemaa, son café, ses champs, et ses maisons. Le récit tourne autour de Amer et de sa famille. Ce jeune qui a décidé de se marier à une Française, Marie. Après une longue absence, son retour au village est jonché de chamboulements, le trait entre le traditionnel (son village) et l'étranger (Paris) est représenté par sa relation avec sa femme et sa mère. Le dénouement de l'histoire est tragique, Amer meurt, victime de la jalousie de son oncle. • Les Chemins qui montent, le Seuil 1957 : C'est le prolongement de La Terre et le sang, Amer-N'Amer, fils de Marie et Amer, est le personnage principal du roman. Comme son père, Amer N'Amer part en France mais non pas pour des raisons économiques mais pour une quête identitaire. Et comme son père, il sera lui aussi tué par un rival. • L'anniversaire, 1961 : Sans doute le plus complexe des romans de Feraoun, car le récit est inachevé. On retrouve aussi des études publiées dans des revues et mêmes des pages non reprises du Fils du pauvre en 1954. • Le journal, le Seuil 1962 : Ce journal publié à titre posthume en 1962, semble le moins connu et le sous analysé des œuvres de Feraoun. Pour les critiques, même si le travail n'est pas écrit dans la continuité, car dans certaines années le journal contient à peine quelques pages surtout dans les années 1958, 1959 et 1960, il reste cependant, un document unique dans son genre ; car Feraoun relate passionnellement la guerre d'Algérie dans l'Algérois et dans la région Kabyle. Un jour avant sa mort, Feraoun mentionnait encore quelques lignes de cette guerre. • Jours de Kabylie, Le seuil 1968 • Les Poèmes de Si Mohand, Minuit 1960 • Lettres à ses amis, le Seuil 1969