Photo: Fouad S. 13 000 malades chez qui on a diagnostiqué divers cancers sont sans traitement faute de structures d'accueil. En effet, il n'existe que quatre centres de radiothérapie qui n'arrivent pas à répondre à ce nombre important de cas. Cette réalité a été reconnue hier, par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat devant les membres de l'APN au cours d'une journée préparatoire de la conférence nationale sur le plan national de lutte contre le cancer. Toutefois, le ministre a affirmé que ce déficit sera résorbé vers la fin de l'année 2010, avec la réception de 8 centres pour cancéreux en voie d'achèvement parmi les 15 structures programmées dont un grand institut du cancer. «Ces infrastructures réalisées dans différentes wilayas du pays permettront une prise en charge de proximité et éviteront aux malades des hospitalisations hors wilaya », précise M. Barkat qui fait savoir que le cancer est la deuxième cause de mortalité en Algérie après l'hypertension artérielle. Entre 30 000 à 35 000 nouveaux cas sont déclarés chaque année en Algérie. De ce fait, le ministre a invité les CHU à commencer par la recherche, les soins de qualité et la formation. «Cette dernière doit être conforme et adaptée aux besoins actuels même pour la paramédical pour qui nous sommes en train de revoir avec le ministère de l'Enseignement supérieur le cursus de la formation. On doit former des techniciens de haut niveau et des manipulateurs de plateau technique », explique-t-il. Que faut-il faire pour lutter contre cette pathologie ? Un diagnostic précoce permet, selon le ministre, une guérison d'autant qu'aux USA, la guérison des cancers de la femme avoisine les 60% des cas. Chez l'homme, elle est de 40% et pour l'enfant 75%. Cet état des lieux et l'insuffisance de la prise en charge de cette maladie ont été également évoqués par le Pr Ahmed Bendib, chef du service sémiologie au Centre Pierre et Marie Curie d'Alger (CPMC). Après avoir rappelé l'augmentation de l'espérance de vie qui est passée de 48 à 78 ans en 40 ans, ce qui a favorisé l'émergence du cancer, le Pr Bendib a estimé que « cette maladie coûte cher et nécessite une budgétisation conséquente souvent insuffisante ». Lui aussi est convaincu qu'un diagnostic précoce du cancer permet une meilleure guérison de cette pathologie. Reste que le système de santé algérien présente, selon lui, des lacunes dans ce domaine. Il s'agit « de l'inadéquation entre la demande des soins et l'offre, la pénurie des médicaments et la panne fréquente et longue des équipements. Ce qui génère une inégalité entre les malades au droit au traitement et des déplacements de longue durée et fort onéreux ». ENTRE 5 ET 11 MOIS POUR LA PREMIÈRE PRISE EN CHARGE Même constat de la part du Pr Hamouda qui a dénoncé le retard dans la prise en charge. Car les rendez-vous sont étalés sur de longs délais. « On a enregistré 143 jours à 340 jours entre le premier diagnostic et la première prise en charge », précise le professeur. Ces retards font que le malade aura tout le temps de rechuter ou de mourir. «La mise en place d'un plan cancer doit être une priorité nationale », soutient-elle, d'autant que le nombre des cancéreux est en augmentation. En 2009, 39 700 nouveaux cas ont été enregistrés avec une prédominance féminine (20 800 cas) « une spécificité maghrébine », soutient-elle. Tout en affirmant que chez la femme, le cancer du sein vient en tête avec 9000 nouveaux cas par an et chez des sujets toujours jeunes (45 ans). Selon l'oratrice, la population concernée par le dépistage est de 7% mais c'est un taux en augmentation si l'on prend en compte l'environnement cancérigène et d'autres facteurs favorisants. Ainsi chez l'homme, les cancers les plus répandus (poumons, vessie) sont liés au tabagisme et à la boisson. Inquiétude similaire chez le Pr Ladjal qui a évoqué les difficultés pour faire hospitaliser les enfants atteints généralement de lymphomes, de leucémies et de tumeurs cérébrales. « Un véritable parcours du combattant ».