Deux cousins qui ont le même âge, la même passion et qu'en plus de cela font le même métier dans le même journal, c'est rare. Bilal Boutabba et Réda Birouk sont aujourd'hui les caricaturistes du quotidien régional l'Index. Mais avant cela, le dessin les a d'abord unis depuis qu'ils étaient tout petits : ils s'entraînaient ensemble sous l'oeil du défunt père de Réda qui était lui-même artiste peintre. Des années plus tard, leurs chemins se séparent, Réda fera des études en économie, Bilal poursuivra sa passion à l'école des Beaux Arts de Constantine, il en sort majeur de promo en 2005. Après des années de chômage et de bricolage par-ci par-là, le destin a fait qu'ils se croisent à nouveau. Tout est allé très vite pour nos deux caricaturistes. Il y a quelques mois, l'Index est à la recherche de caricaturistes. Ils lisent l'annonce passée au journal, et chacun de son côté se présente en vue d'être embauché. Tout de suite, ils tapent dans l'œil du directeur. Après quelques tests concluants, ils intègrent immédiatement la rédaction. Leur mission est claire : caricaturer tout. « Au début, nous étions timides, parce que c'était notre première expérience dans la caricature de presse. On avait quelques problèmes techniques mais on s'est vite adapté», nous explique Réda. Sans aucune expérience, ils se lancent dans l'inconnu et il faut dire qu'à l'Index ils ne chômeront pas, car en moyenne ils crayonnent une dizaine de caricatures par jour. «Le directeur, Zoubir Mezazigh, nous a tout de suite fait confiance. Un jour nous avions rempli toute une page sur le code de la route avec une quinzaine de caricatures ». Ainsi, la une du journal est tous les jours garnie par un de leurs dessins, tout dépend du contexte, les pages nationales, régionales et la 24 passent aussi par le pinceau des deux cousins. Leur bureaux font face l'un à l'autre, on travaille d'abord seul, puis quelques instants plus tard petite réunion de famille, on décide alors ce qu'on doit faire, comment choisir un dessin en relation avec l'actualité, comment colorier…. Petit à petit, depuis leur arrivée au journal, leurs dessins remplacent les photos. Pour Réda, la caricature «parle» plus que la photo, à travers elle on comprend un article sans même le lire. Les caricaturistes qu'ils admirent tous les deux sont surtout Le Hic et Dilem. « Le Hic travaille avec le titre et le dessin. Pour moi l'image doit contenir un sens et de l'humour, elle peut tout dire », nous dit Bilal. Généralement, pour passer à l'action, ils attendent que les journalistes terminent leurs articles. N'empêche qu'ils disposent d'un espace libre « la Polémique de l'Index», un carré dans la page 24 et dans lequel ils se « lâchent ». Leurs caricatures mitraillent tout ce qui ne va pas dans la ville des Ponts : misère, problèmes des citoyens, les couacs de l'administration, la corruption, le football… Et preuve qu'ils font déjà beaucoup de bruit autour d'eux : de temps à autre, leurs croquis fâchent, déclare Bilal. Toutefois, les cousins réfléchissent déjà en pros, n'oubliant pas que dans ce métier il existe une éthique ou une barrière, des sujets comme le sexe ou la religion sont prudemment traités. Enfin, à la question de savoir s'ils comptent toujours exercer ce métier, leurs avis sont partagés : Bilal, qui a fait les Beaux Arts, n'est pas contre une carrière exclusivement dédiée à la caricature, par contre Réda souhaite un boulot dans son domaine mais, nous dit-il, cela ne l'empêchera pas de continuer la caricature. Selon lui, « cette activité est une véritable bouffée d'air pur ».