«Le journal danois en question a recruté 12 caricaturistes pour faire le travail proposé. Pour moi, c'est simple, ils ne sont pas des caricaturistes professionnels mais des illustrateurs», a expliqué Daryl Cagle. Le Festival international de la bande dessinée 2009 (Fibd), qui s'est ouvert hier soir à Riad El Feth, rendra hommage aux cla-ssiques du genre, tout en incitant les visiteurs à découvrir les jeunes auteurs et toutes les tendances du 9e Art. Rendez-vous annuel du secteur, le Fibd tente de concilier la fête populaire avec la bande dessinée et une programmation exigeante, ouverte à tous les publics. Selon les organisateurs, ils entendent «offrir un reflet d'actualité, le plus large et le plus juste possible de la bande dessinée, telle qu'elle vit et évolue partout sur la planète». Au cours d'une rencontre organisée par l'ambassade des USA à Alger avec les journalistes, deux vedettes américaines, en l'occurrence Daryl Cagle, caricaturiste et Jan Eliot, créatrice de la bande dessinée Stone Soup, ont animé un point de presse sur la «La caricature aux USA», et leur parcours dans cette discipline. «Mes premiers pas dans l'art de la caricature étaient modestes mais très thérapeutiques. Dans mes dessins, j'essaie de refléter des situations de la vie réelle. J'ai beaucoup d'attirance pour les gens qui manquent de temps, d'argent ou de patience», a relaté Jan Eliot. Et d'enchaîner que «c'est grâce à une amie qui m'a poussé à me lancer dans la caricature, alors que j'étais une jeune mère divorcée, essayant d'élever seule mes deux filles, travaillant à plein temps, subvenant à mes besoins et continuant quand même à profiter de la vie». Actuellement, la bande dessinée Stone Soup, sa propre création, est publiée dans plus de 200 journaux à travers le monde. Outre les Etats-Unis et le Canada, Stone Soup paraît dans 6 pays d'Europe (le Portugal, la Norvège, la Finlande et la Roumanie), au Moyen-Orient (Oman), et en Asie (Shanghai et Singapour). II existe sept collections de Stone Soup. Jan Elliot est aussi très active dans le travail humanitaire et les oeuvres de charité. «Mes personnages sont autorisés par l'ONG Habitat for Humanity International, et sont utilisés pour promouvoir des programmes de construction de logements pour les pauvres, notamment pour la reconstruction des habitations touchées par l'ouragan Katrina», a-t-elle affirmé. Les dessins de Stone Soup font partie de la collection permanente de plusieurs musées, tels que le musée de Charles Schulz, le Musée de la Caricature de San Francisco, l'Institut Kinsey pour l'art, et d'autres. Quant à Daryl Cagle, il dessine et écrit la caricature quotidienne du journal publié par tribune Media Services au niveau national et par Editors Press Service à l'étranger. II a illustré des livres pour Ballantine (Maison de publication Random), Harcourt Brace Jovanovich, Western Publishing (Golden Books, Berkley Books et Scholastic). Il a aussi travaillé pour de nombreux magazines, notamment: Fortune, Forbes, Field and Stream, Family Circl Sports Illustrated for kids, Sesame Street, Elect Company, les publications Argus; Guideposts, Plain Truth, Youth, Muppet Magazine, Zillions TennisMatch, Inside Sport et des magazines scolaires. Daryl, est à la fois caricaturiste, designer, et créateur. «J'ai travaillé pour de nombreuses sociétés telles que Fisher Price, Playskool et Mattel pour lesquelles j'ai inventé, mis au point ou conçu de nombreux objets, notamment des jouets», a-t-il fait savoir. «J'ai aussi réalisé de nombreux projets avec des entreprises de publicité pour la promotion de produits divers, mais aussi avec des studios pour la conception de nouveaux personnages et de scénarios, notamment pour Universal Cartoons Studios», a t-il ajouté. En 1993, Daryl a reçu le Prix du meilleur dessin publicitaire de l'année aux Etats-Unis. «Cette rencontre, à laquelle nous prenons part à l'instar d'autres experts, est axée sur les liens de cet art avec la pluralité culturelle et l'échange des connaissances sur les BD du monde et leur diversité», a souligné Daryl Cagle. Alliant avec bonheur, le trait, le mot et la couleur, notre interlocuteur nous raconte et nous enchante. «Usant de façon originale, d'une parfaite maîtrise, faisant ressortir le sujet en premier plan et estomper le reste dans le contour, l'artiste passe outre l'usage conventionnel de la caricature pour explorer des effets flexibles inédits», a-t-il insisté. Car cet art, «vise à engager un dialogue original entre le citoyen et l'art, à attirer le regard des habitants sur leur vie et ce qui les entoure et à faire prendre conscience du rôle essentiel qu'ils jouent», a-t-il ajouté. Abordant la liberté d'expression en se référant aux précédentes caricatures danoises sur le prophète Mohammed (Qsssl), Daryl Cagle, explique à cet effet que «le journal danois en question a recruté 12 caricaturistes pour faire le travail proposé. Pour moi, c'est simple, ils ne sont pas des caricaturistes professionnels mais des illustrateurs». «Certes, on peut se donner cette liberté d'éditer des oeuvres, mais il faut être raisonnable.» Ainsi, notre interlocuteur fait savoir qu'«on est mieux placé que les journalistes. Car on peut critiquer sans limite, vu que nous proposons une opinion mais pas une information comme c'est le cas des journalistes», a t-il ajouté. Mais pour ce qui est de la liberté d'expression aux USA, Daryl Cagle déclare que le gouvernement ne se mêle jamais de ces affaires, mais ce sont les citoyens qui prennent positions contre toute dérive professionnelle.