Barack Obama poursuit sa vision d'un monde débarrassé des armes nucléaires. Moins d'une semaine après la signature à Prague d'un accord de désarmement Start avec Dimitri Medvedev, son homologue russe et à un mois de la huitième conférence d'examen du traité de non-prolifération nucléaire - elle est prévue du 3 au 28 mai prochain, à New York, le président américain convie à Washington une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement dont le président Abdelaziz Bouteflika qui sera représenté par Mourad Medelci, le ministre des Affaires étrangères pour «parler» de «sécurité nucléaire et de non-prolifération». «Aujourd'hui, la plus grande menace qui pèse sur le monde est qu'un groupe extrémiste dispose un jour d'une arme nucléaire. On sait qu'il y a du matériel mal protégé dans certaines régions du monde, notamment en ex-URSS. Nous ne pouvons pas attendre de voir une explosion nucléaire au milieu de Manhattan ou de Bombay pour réagir. Si l'instabilité demeure, si on continue de voir les Palestiniens se faire liquider, si les guerres en Afghanistan, en Irak ou en Somalie se poursuivent, alors tous les scénarios sont possibles», affirme Mohamad El Baradei, l'ancien patron de l'Agence internationale de l'énergie et prix Nobel de la paix 2005. Selon Alexandra Toma, une spécialiste de la sécurité nucléaire à l'ONG Connect U.S. Fund, le danger est réel. «C'est la principale menace à la sécurité des Etats-Unis et du monde aujourd'hui. Nous avons eu deux commissions bipartisanes qui ont établi, en janvier, qu'al Qaïda tente, depuis les années 1990, de se procurer des armes nucléaires et s'y active actuellement», explique-t-elle. «Nous savons que des groupes terroristes, y compris al Qaïda, sont à la recherche de matériaux pour fabriquer une arme atomique», déclare Ben Rhodes, un des conseillers de la Maison Blanche. La menace du 21e siècle est identifiée : prolifération de ces armes possédées par neuf pays : les cinq membres permanents du Conseil de sécurité qui assument leurs statuts de puissances nucléaires et quatre «intrus» : Inde, Pakistan, Corée du Nord, Israël. L'accession de ces quatre pays au statut de puissance nucléaire pourrait avoir un effet proliférant. La Corée du Sud, la Malaisie, l'Indonésie et le Japon seraient tentés. Plus près nous, deux pays arabes au moins (Egypte et Arabie Saoudite) pourraient opter pour la bombe. Pour d'autres considérations, la Turquie, voisine d'Israël et de l'Iran, pourrait se lancer dans le nucléaire. Les Etats-Unis qui n'excluent pas de « frapper » le programme nucléaire iranien et de voir un jour des groupes, tel al Qaïda, obtenir du matériel nucléaire pour construire des bombes, affirment vouloir éviter que du matériel pouvant servir à fabriquer de l'armement nucléaire se retrouve entre les mains d'organisations terroristes et convaincre les leaders du monde de l'importance de s'assurer que le matériel et l'armement nucléaires soient placés en sécurité pour ne pas qu'ils soient dérobés ou encore qu'ils tombent entre les mains de terroristes. «Il y a assez de matériel nucléaire dispersé sur la planète, dans plus de 2000 endroits, pour produire des centaines de bombes nucléaires», estiment les experts. Ce nombre qui donne froid au dos aurait pesé dans la décision d'Obama d'organiser ce sommet et de ne pas s'opposer lors de la prochaine conférence sur le TNP à deux projets de résolutions notamment. Le premier portera sur la création d'une zone libre d'armes nucléaires au Proche-Orient, d'où la décision de Benjamin Netanyahou de boycotter ce sommet où les représentants arabes comptent lui demander d'ouvrir ses installations nucléaires aux inspections de l'AIEA et de signer le TNP. Le second sur le renforcement des prérogatives du TNP et de l'AIEA. Washington qui souhaite une meilleure coopération internationale contre le terrorisme nucléaire potentiel et une uniformisation des mesures de sécurisation des armements nucléaires et des stocks d'uranium hautement enrichi, d'ici quatre ans, veut des règles plus dures pour les inspections, l'accès aux technologies nucléaires sensibles et le retrait du TNP.