Qu?en est-il de la bande dessinée en Algérie ? En fait, la BD algérienne a paru timidement après l?indépendance du pays et de façon épisodique. La première bande dessinée, est apparue au mois de mars 1967, dans l?hebdomadaire Algérie Actualités : Naâr, une sirène à Sidi-Ferruch de Mohamed Aram. Elle est suivie de celle de Slim que publie El Moudjahid : Moustache et les Belgacem, suivie peu après de celles de Rachid Aït Kaci (Tchipaze), de Mohamed Bousalah (Krikech), de Nour-eddine Hiahemzizou (Zach), de Mohamed Mazri, (Tchalabi)? Plus tard, au mois de février 1969, à la suite de la rencontre de trois jeunes illustrateurs, est né le premier illustré algérien : M?quidèch. Les pionniers de la bande dessinée algérienne sont Mohamed Aram, doyen des bédéistes algériens, Mohamed Mazari (dit Maz) qui s?illustre, aujourd?hui, dans le quotidien El Watan dont il assure les dessins de Une, et Menouar Merabten, devenu célèbre sous le pseudonyme de Slim, grâce aux aventures mouvementées de Bouzid et Zina. Comment est né M?quidèch ? Tout a commencé, en fait, dans les années 1964 et 1965, au Centre national du cinéma (cnc) d?Alger et plus précisément dans le service d?animation, dirigé alors par Mohamed Aram, lorsque l?idée de créer un illustré algérien a germé. Mazari tenait à ce projet et Aram et Menouar n?ont fait que le soutenir. Un jour, le directeur de l?information de la Radio télévision algérienne (RTA) de l?époque, Messaoudi Zitouni, a eu connaissance de ce projet, lors d?une visite au Centre, il s?y intéressa aussitôt, en promettant aux trois jeunes bédéistes de présenter leur idée au ministre de la Culture et de l?Information d?alors, Bachir Boumaza. Quelque temps après, le ministre contacte les trois dessinateurs et les félicite de leur tempérament créatif et leur dit que le projet est intéressant et qu?il les encouragera et les aidera à concrétiser leur projet. Toutefois, l?idée de faire un illustré authentiquement algérien s?évapore avec le coup d?Etat du 19 juin 1965 qui a mis fin aux fonctions du ministre. Il fallait attendre la fin de années 1960 pour que le projet d?un illustré algérien soit repris. En 1969, le projet a été repris, et le premier numéro de M?quidèch, ancêtre de la littérature enfantine, est né. «Les amateurs algériens de bande dessinée font ainsi connaissance, pour la première fois, avec des héros qui portent des noms bien de chez nous : M?quidèch, Richa, Didine, Bouzid?» (2) «Malgré ses insuffisances aux plans technique et artistique, elle est saluée par l?ensemble de la presse nationale.» (3) En voici quelques échos : «La Sned (?) vient d?éditer un journal illustré pour enfants, le premier du genre en Algérie. son titre est évocateur, tout à fait indiqué pourrait-on dire, pour une pareille entreprise : M?quidèch. Il est inutile de présenter le personnage, héros de mille et un contes populaires. Esprit éveillé, astucieux et téméraire, M?quidèch offre une matière inépuisable pour les auteurs de ce journal. (?) Le travail fourni pour la réalisation de ce premier mensuel illustré est très méritoire. Qu?il soit édité régulièrement et voilà un grand vide comblé. (?) La tenue générale de ce numéro laisse espérer de passionnants (autres) numéros. M?quidèch fera certainement date dans ce qu?on a un peu tendance à négliger : la littérature enfantine.» (4) M?quidèch, acquérant l?expérience de nouveaux talents, s?est amélioré au fil des mois et a fini par s?imposer non seulement sur le marché, mais aussi dans l?imaginaire des lecteurs. Tout le monde attendait avec impatience la sortie du journal. Tout le monde se ruait vers le marchand de journaux pour acheter sa B. D. favorite. «Numéro après numéro, l?aventure initiée par les trois pionniers de la bande dessinée algérienne continuera, volant de succès en succès, jusqu?en 1974, année de la parution du 31e numéro et, hélas, dernier numéro.» (5) En 1978, la revue est ressuscitée, cette fois-ci M?quidèch réapparaît uniquement en langue arabe pour disparaître une fois encore au bout de quelques années, cette fois-ci à jamais. La disparition de M?quidèch signifie la disparition de la bande dessinée. Il se trouve qu?il y a eu cependant quelques tentatives pour pérenniser cet art, même si cela ne s?est pas fait d?une manière continue : «On verra apparaître et disparaître au bout de quelques numéros Ibtacim, Tarik, l?Album, Fantasia, Boa, Scorpion, Tim et Simsim. Cette dernière publication, de très grande qualité, a suscité de grands espoirs dans le milieu des dessinateurs algériens et des amateurs de la bande dessinée. Des espoirs vite brisés sur les écueils insurmontables d?une bureaucratie tatillonne qui ne permettra pas à cette heureuse initiative de se développer.» (6) Plus tard, au lendemain des événements d?octobre 1988, l?espoir des dessinateurs renaît mais tourne vite court : «Après le vent de liberté qui souffla sur l?Algérie à la suite des événements d?octobre 1988, et surtout après l?adoption de la Constitution de février 1989 et la nouvelle loi sur l?information, lesquelles ouvriront grandes les portes à la liberté d?expression et de création, on se serait attendu à une explosion dans le domaine de la bande dessinée. C?est le contraire qui se produisit. Aucune revue de bande dessinée ne vit le jour. Aucun album ne fut publié. En revanche, la caricature et le dessin de presse, moins développés à l?époque du système du parti unique, connurent un grand essor favorisé par la liberté d?expression et les dizaines de nouvelles publications qui virent le jour à la faveur de la liberté de la presse. (?)» (7) Ainsi, la bande dessinée algérienne, qui a connu ses heures de gloire au début des années 1970, s?est effacée derrière le dessin de presse, donc la caricature. (2) (3) (4) (5) (6) (7)? La revue Fenêtre, éditée dans le cadre du Salon international du livre d?Alger.