Epreuves Séismes et terrorisme l?ont tour à tour frappée. Meurtrie, l?ex-El-Asnam n?arrive pas encore à se relever de tant de douleur dont les séquelles sont encore visibles. Le sort semble s?être acharné sur cette région endeuillée pendant plus de deux décennies. Elle porte lourdement cette malédiction qui l?a fait oublier des gouvernants et l?a laissée embourbée dans la misère. «Chlef est une wilaya pauvre, elle garde les séquelles des deux séismes de 1954 et de 1980 et de 10 ans de terrorisme qui a entraîné des pertes d?emplois à cause des destructions», relève un enseignant, habitant la région, qui indique que cette wilaya «a beaucoup souffert du terrorisme, 60% des terroristes du GIA étant de Chlef». Le phénomène est encore présent dans certaines communes, comme celle de Beni-Bouateb, «la plus pauvre des 35 communes de Chlef, où deux gardes communaux ont été assassinés il y a trois mois». Les mêmes images de dénuement partout, elles saisissent le visiteur qui est pris à témoin par les habitants. «Rien n?a été fait, même pas à Sendjas dont est originaire Hassiba Ben Bouali», clament-ils à qui veut les entendre. Ils dénoncent le détournement des investissements privés qui ciblent uniquement les créneaux porteurs. Les Chelfis sont nombreux à penser que la relance économique n?est pas pour demain, les quelques projets mis en route risquant de ne pas porter leurs fruits dans l?immédiat en raison du retard impliqué par l?absence d?investissements, aussi bien publics que privés. Ils sont convaincus que par leur nature, ils n?auront pas une grande incidence sur le quotidien de la population. Du moins, pas sur le chômage, selon plusieurs témoignages. Ce père de quatre enfants, âgé de 40 ans et sans revenus, n?est pas le seul à s?en plaindre. Il réfute même le chiffre officiel de 27% de sans-emploi. «Ce n?est pas vrai, le chômage touche une grande proportion de la population. Nous sommes au moins 75% à être concernés», assène-t-il, clouant au pilori les autorités. Il est relayé par un groupe de jeunes, que l?oisiveté rend amers. La récente visite du président dans leur wilaya ? Elle les a laissés de marbre. «Que voulez-vous qu?il nous apporte ? Croyez-vous qu?il va prendre nos dossiers et nous donner du travail ?», nous interrogent-ils, certains que les réalisations inaugurées n?auront pas pour conséquence une création d?emplois. Nos interlocuteurs dénoncent certaines pratiques qui auraient cours dans la région, comme la «tchipa». «Si vous avez de l?argent, vous pouvez obtenir un travail», révèlent-ils, dépités. L?un d?eux nous apprend qu?il a versé une somme de 1 000 DA à un élu pour avoir un étal dans un marché, mais qu?il n?a rien obtenu. «Pas de travail, pas de logement, pas d?avenir.» Cet autre groupe semble en avoir fait sa carte d?identité. «Est-ce une vie, quand vous n?avez pas dix dinars en poche et que vous attendez qu?on vous paie un café ?», interroge ce jeune de 28 ans qui justifie sa déception par le fait qu?il a multiplié sans succès les démarches en vue de trouver un emploi.