Après une accalmie qui aura duré près d'une année, la région de Tamalous, chef-lieu de commune situé au sud-ouest de Skikda, a renoué, hier, avec les horreurs du terrorisme. Neuf gardes communaux et un civil ont été froidement abattus lors d'une embuscade tendue à 10h 30 aux passagers d'une fourgonnette de transport public, un J9 qui transportait 18 gardes communaux et deux civils. L'embuscade a eu lieu à plus de 17 km au nord de Tamalous au lieudit El Kassa. Un lieu situé aux abords du mont Sidi Mansour sur le chemin communal reliant les communes de Tamalous et Aïn Zouit. Nous venions de disposer de deux jours de repos et nous nous apprêtions à quitter notre cantonnement implanté à EzZenne pour rejoindre Tamalous et regagner nos demeures », raconte l'un des rescapés rencontré au centre hospitalier de Tamalous. En dépit des signes évidents de choc et de fatigue, il continue : « Personne ne se doutait qu'on allait tomber dans une embuscade, d'autant plus que le fourgon qui nous transportait venait juste de déposer d'autres citoyens en provenance de Tamalous. En arrivant à El Kassa, le chauffeur était contraint de ralentir vu que la chaussée devenait impraticable dans ces lieux. Aussitôt, une forte déflagration nous a secoués. On n'a pas eu le temps de comprendre ce qui arrivait et aussitôt des terroristes, sortis des maquis, ont ouvert le feu sur nous. Je ne peux pas vous dire combien ils étaient ni d'où ils sont sortis. La panique dans le véhicule était indescriptible. On voyait le sang de nos collègues gicler au moment où les armes automatiques des terroristes continuaient à nous cribler de balles. Certains ont réussi à sortir et à fuir, d'autres y laisseront leur vie. » A l'hôpital de Tamalous, l'atmosphère était très lourde. Trois des huit blessés sont réunis dans une salle. Leurs blessures sont assez légères. Les autres, dont les blessures sont jugées graves, ont été transférés vers d'autres centres. Deux à l'hôpital de Collo où des sources jugeaient leur état très sérieux. On avance d'ailleurs que l'un d'eux était toujours dans un coma profond, alors que le deuxième venait de subir une intervention chirurgicale. Les trois autres blessés ont été transférés vers l'hôpital militaire de Didouche dans la wilaya de Constantine. Leur état reste également très critique. Selon le témoignage des rescapés, le bilan aurait pu être plus lourd. « On nous aurait tous achevé n'était l'intervention de quatre éléments de notre cantonnement qui effectuaient une ronde de routine près des lieux. En entendant le feu nourri des terroristes, ils ont ouvert le feu aussi sans vraiment savoir ce qui se passait. C'est ce qui a dissuadés les terroristes, qui se sont vite repliés en direction de R'mila. Il y avait même cinq passagers d'une Mercedes qui se sont trouvés coincés dans cette fournaise. Ils ont réussi à quitter leur véhicule à temps pour s'enfuir. » Un autre rescapé raconte dans le détail l'acharnement aveugle des terroristes lors de l'embuscade. « Juste après l'explosion et après les premières rafales, ils se sont approchés des victimes et des blessés pour les achever à bout portant. Ils ont même tenté de poursuivre tous ceux qui se sont enfuis dans les maquis. » Les témoins de l'horreur affirment que le nombre de terroristes dépassait la vingtaine. « Je les ai vus s'enfuir en file indienne. Certains portaient des tenues afghanes et d'autres des tenues de la garde communale. » Alité au centre hospitalier de Tamalous, le chauffeur du fourgon, un jeune de 27 ans à peine, porte les séquelles de l'embuscade. Il vient d'échapper par miracle à une mort certaine. Il témoigne à son tour : « La déflagration provenait des talus et un projectile est venu percuter le fourgon pour l'immobiliser. Puis, les coups de feu ont commencé à retentir. Je ne sais pas comment j'ai fait, mais j'ai réussi à m'échapper par la portière située à droite. Le passager qui était à mes côtés a été abattu par une balle qui lui a traversé le crâne. J'ai couru par la suite. Je ne peux vous dire combien de temps j'ai mis pour me mettre à l'abri, je ne sais pas, le temps me semblait lent. Je me suis caché avec un jeune qui se trouvait dans la Mercedes et on attendu les secours. » Des témoins qui ont vu le fourgon affirment tous que le véhicule était entièrement criblé de balles. « J'ai compté plus de 40 impacts sur une des portes. C'était vraiment un acharnement », rapporte un parent des victimes, qui a réussi à se déplacer sur les lieux. Au centre hospitalier de Tamalous, et jusqu'à 16 h, un interminable carrousel d'horreur et de pleur se poursuivait. Des parents, des amis et des proches des victimes n'arrivaient plus à contenir leur colère et aussi leur douleur. Au sein de la population, la consternation était générale. On demandait l'identité des victimes et chaque fois qu'un nom est prononcé, on pouvait laisser exprimer un grand sentiment de compassion. Un imposant dispositif militaire a été de suite déployé et la région de l'embuscade était déclarée zone interdite. Cet acte est venu rappeler à la paisible population de la région les horreurs commises presque au même endroit il y a presque une année quand trois gardes communaux ont été égorgés. Depuis, racontent les habitants de Tamalous, la plupart des transporteurs publics ont décidé de ne plus desservir cet axe devenu, par la force de l'horreur, un chemin indésirable. D'ailleurs, on chuchote même que les terroristes auraient menacé de représailles tous ceux qui oseraient transporter les éléments de la garde communale de Ez Zenne. Selon d'autres recoupements, l'embuscade aurait été tendue par des éléments du GSPC encore actifs dans un périmètre qui s'étend de Tamalous à Aïn Zouit. Une région où des actes terroristes sont parfois signalés.A l'heure où nous mettons sous presse, plusieurs sources avancent que le bilan se serait aggravé et que les cinq blessés graves seraient décédés. Une information qui était impossible de confirmer ou d'infirmer.