Site n Si le Tessala n'existait pas, il aurait peut-être fallu le créer, note le chercheur et universitaire Hani Abdelkader. C'est dire l'importance de cette dorsale montagneuse indispensable aux écosystèmes des plaines d'Oran au nord et celles de Sidi Bel Abbes au sud. Véritable tampon naturel, cette chaîne, atteignant en son point culminant, le djebel Tessala, les 1 063 mètres d'altitude, abrite un ensemble de communes montagneuses, à cheval entre les wilayas de Sidi Bel Abbes, Oran et Aïn Témouchent. La commune de Tessala couvre une superficie de 11 824 ha et regroupe une population estimée à 7 222 habitants. Selon le chercheur Hani Abdelkader, de l'université de Sidi Bel Abbes, le Tessala était jadis «une terre à blé». Les populations locales y ont souvent trouvé «refuge lorsqu'elles se sentaient menacées par quelque envahisseur extérieur», de l'époque romaine à celle de la colonisation. Pendant longtemps, a indiqué le chercheur, les archéologues ont cru y trouver la cité antique d'Astacilis, «mais ont fini par abandonner cette hypothèse». En fait, l'occupation par Rome de cette région habitée très tôt par des tribus berbères, a été «presque exclusivement militaire», les légions romaines qui s'y établirent s'étant retranchées dans des cantonnements fortifiés dont des vestiges se trouvent à Aïn Zertita et Aïn Bent Soltane. Avec l'avènement de l'Islam, l'histoire du Tessala s'enrichit de pans relevant tant de faits historiques que de légendes, faisant tour à tour défiler autant d'hommes historiques que de savants ayant décrit la région, avec successivement le soufi Sidi Yedder, le géographe et botaniste andalou El-Idrissi, les tribus hilaliennes des Beni Ameur, Léon L'Africain, ou encore le précurseur de la sociologie moderne, Ibn Khaldoun, puis la résistance contre l'occupation espagnole et les relations mitigées avec l'administration ottomane. Mais c'est la colonisation française qui allait déstructurer les agrégats sociologiques de cette région où les colons français avaient convoité les terres fertiles. Ce sera aussi, selon les historiens, les premières causes de la dégradation du milieu naturel. La faune et la flore de cet écosystème particulier ont été touchées par une agriculture intensive et un déboisement démesuré. La prospérité des colons s'était, en somme, déployée au détriment des populations locales. Aujourd'hui, il s'agit de renforcer le programme de protection de cet écosystème dans une trajectoire de développement durable, préconise le conservateur local des forêts. «Notre mission consiste à protéger ces monts des incendies de forêts et de multiplier les opérations de reboisement», a-t-il indiqué, décrivant les richesses naturelles du Tessala connu pour ses chênes, dont le Taillis dense de chêne vert, le Matorral dense de chêne kermès, en plus du pin d'Alep, et de l'eucalyptus. Par ailleurs, le directeur du tourisme, M. Abdelkader Toualbia a fait savoir que ce site avait été choisi pour abriter une zone d'extension touristique (ZET) dont le dossier est en voie de finalisation. Le Tessala est très fréquenté, surtout pendant les week-ends, notamment pour son sanatorium pour enfants asthmatiques, son centre de vacances, ses espaces de détente et de loisirs, ainsi que son fort, l'un des rares vestiges de l'empire romain.