Véritable tampon naturel, les monts de Tessala possèdent un patrimoine riche en flore et en faune. Aujourd'hui, ces lieux, en constante dégradation il faut le dire, méritent une attention particulière avec notamment une politique de revalorisation ; un site autrefois fierté de toute une région, selon le chercheur Hani Abdelkader de l'université de Sidi Bel Abbès.Si le Tessala n'existait pas, a-t-il dit, il aurait peut-être fallu le créer, tout en précisant que cette chaîne montagneuse joue un rôle des plus bénéfiques pour les écosystèmes des plaines d'Oran, au nord, et des plaines de Sidi Bel Abbès, au sud. La chaîne montagneuse du Tessala a joué également un grand rôle dans l'histoire de la région. Les hommes, la faune et la flore y ont trouvé souvent le gîte, la nourriture et les eaux qui leur manquaient de temps à autre. Pour les habitants de la région, le Tessala est le creuset de la culture des céréales. Les populations de la région y ont souvent trouvé un refuge salutaire lorsqu'elles se sentaient menacées par quelques envahisseurs etrangers.Depuis l'occupation française, fera remarquer M. Hani Abdelkader, les monts de Tessala ont fait l'objet de nombreuses études, très souvent méconnues, mais qui n'ont probablement pas encore révélé toutes les richesses naturelles et historiques de cette région de la wilaya de Sidi Bel Abbès. Occupées très tôt par les populations berbères, ces montagnes ont également connu l'invasion romaine. Pendant longtemps, les archéologues ont cru y découvrir la cité berbéro-romaine Astacilis, mais ont fini par abandonner cette hypothèse. En fait, l'occupation romaine semble presque avoir été exclusivement militaire. «Les légions romaines qui s'y établirent se sont retranchées dans un fort doté de réserves et les ruines romaines, encore visibles il y a quelques années à Aïn Zertita et Aïn Bent Soltane, sont probablement les restes de châteaux romains», a tenu à souligner le chercheur. Le massif du Tessala a probablement connu, d'une manière ou d'une autre, toutes les invasions qu'a connues plus tard le nord du pays, même si aucun indice ne corrobore cette thèse, et juste après l'arrivée des Arabes en Afrique du Nord et la conversion d'une grande partie de la population berbère à l'Islam, le Tessala a probablement servi de refuge à des populations berbères récalcitrantes qui ont préféré garder leurs anciennes croyances. Les monts de Tessala semblent avoir joué un rôle et avoir servi de point de ralliement puisque Ibn Khaldoun signale qu'entre 1331 et 1332, le roi mérinide de Fès, Abou El Hassan, vient séjourner à Tessala durant une longue période estimée a plusieurs mois. Quand les Français occupent le pays, très souvent, le Tessala sert de refuge aux populations de la région fuyant la répression des armées françaises, selon le chercheur. Mais, très rapidement attirés par la qualité des terres des coteaux du Tessala, les Français y installèrent les premiers centres de colonisation. Ce sera le début d'une ère nouvelle faite de riches domaines agricoles qui s'étendent en faisant suer le burnous. Ce seront également les premières causes de la dégradation du milieu naturel. La faune et la flore de cet écosystème, corrompu par une agriculture intensive et un déboisement féroce, dépérissent. Des espèces florales et arbustives disparaissent ; des espèces animales sont éradiquées. Panthères et lions qui peuplaient les monts du Tessala, ne sont plus qu'un souvenir épique. Avec la colonisation française, c'est désormais une ère nouvelle qui s'ouvre pour la région ; de grands domaines agricoles transforment le paysage, de nouvelles cultures apparaissent, surtout la vigne qui donnera le prestigieux vin «Monts du Tessala». Les monts de Tessala deviendront un lieu de villégiature pour les habitants européens de Sidi Bel Abbès et d'Oran et accueilleront des colonies de vacances sur les flancs boisés de la montagne, a souligné le Pr Hani Abdelkader. Aujourd'hui, ces lieux méritent une attention particulière et nécessitent la mise en place d'une politique de revalorisation du site, autrefois fierté de toute une région.