Fréquentation n Il y a du monde à la Fontaine fraîche en cette journée estivale de juin. «C'est normal, on est un vendredi», explique un habitué des lieux, un jeune homme d'une vingtaine d'années environ. Selon lui, «les gens viennent ici beaucoup plus pour passer un moment de détente que pour ramener de l'eau». «Vous savez maintenant, tout le monde ou presque a l'eau chez lui», commente Ahcène, 37 ans, le photographe du coin. Avec son mouton à cornes et son paon, il ne passe pas inaperçu. Pour 100 et 200 dinars, il propose des photos originales. «Vous avez le choix entre le mouton et le paon», dit-il. Comme tous les jeunes installés au bord de la RN12 proposant des articles d'artisanat, Ahcène travaille au noir. «Je veux bien régulariser ma situation car j'avance dans l'âge et je ressens de plus en plus le besoin d'être assuré auprès de la Sécurité sociale. Malheureusement, personne ne veut faire quelque chose pour nous». Situé à quelque 5 kilomètres du chef-lieu de la commune de Yakourène, le site abrite une quarantaine de baraques installées près de sources d'eau au bord de la RN12. Dépourvu de tout aménagement, il constitue un sérieux danger pour les automobilistes et un véritable casse-tête pour les autorités locales. Contrairement à ce que beaucoup pensent, il relève administrativement de la commune d'Azazga et non pas de celle de Yakourène. «Oui, la Fontaine fraîche est située sur le territoire de la commune d'Azazga», confirme le président de l'Assemblée populaire communale (APC) de Yakourène. Il y a quelques mois, l'APC d'Azazga a essayé de déloger les jeunes qui y exercent, en vain. Elle leur a également proposé de s'installer dans un autre endroit, à côté de l'hôpital Meghnem-Lounès, sans succès là encore. «Nos clients se comptent surtout parmi les automobilistes qui s'arrêtent ici pour boire, ramener de l'eau ou apprécier les paysages. Dans un autre endroit, on a moins de chances d'écouler nos produits», se justifient les vendeurs qui attendent avec impatience l'été, «la seule saison où on travaille bien». «Beaucoup a été dit sur nous, on nous a traités de tous les maux : vendeurs d'armes, trafiquants de drogue et je ne sais quoi encore alors que nous ne sommes là que pour subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles», tonne Ahcène. De son avis, «tout est fait de sorte à dissuader les gens de venir ici». «En lisant certains écrits, on a l'impression que Yakourène est en guerre. Je suis ici depuis huit ans et croyez-moi si je vous dis que je n'ai jamais été menacé ni violenté par qui que ce soit», poursuit-il. Malgré tout, le site ne désemplit pas en cette période estivale. Avec l'arrivée progressive des émigrés, sa fréquentation augmentera sensiblement. «Tant mieux pour nous», se réjouissent les jeunes vendeurs.