Le théâtre africain est un théâtre d'actualité, et même lorsqu'il aborde l'histoire, évoque le passé, c'est bien pour interpeller, questionner le présent et amener le public à y réfléchir et s'interroger sur l'avenir. En d'autres termes à en prendre conscience et à y réagir. Cela revient d'emblée à dire que le théâtre africain est un théâtre engagé, militant, contrairement à l'image véhiculée par l'Occident, à savoir un théâtre folklorique, figé dans une représentation traditionaliste. Il y a, certes, l'utilisation d'éléments qu'il puise dans le patrimoine ou dans les rites sociaux ou les cérémonies ancestrales, mais leur usage n'est pas gratuit. Le patrimoine requiert une fonction théâtrale, un langage scénique par lequel est dite une dramaturgie et est racontée une réalité. Le patrimoine, notamment immatériel (chants, proverbes, dictons, devinettes, rites et autres célébrations culturelles), devient alors un modèle d'esthétique pour ces dramaturges qui sont, à la fois, ancrés dans une ancestralité séculaire et continuellement tournés vers la modernité. Cette esthétique s'illustre dans la mise en scène. L'esthétique se dit aussi à travers une spatialité dépourvue de décor : les metteurs en scène recourent à l'espace vide tout en s'appuyant sur la lumière et le jeu des comédiens. Le chant survient souvent pour soutenir l'interprétation. L'espace vide est une forme d'expression scénique. Il est en soi une scénographie.