Scène n Les amateurs du 4e art ont rendez-vous, samedi 23 août, avec une représentation de la pièce Arrêt fixe. Ecrite par M'hamed Benguettaf, cette pièce déjà jouée en 2007, dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», sera, cette fois-ci, présentée au public en langue française – le texte est mis en scène par Ivan Romeuf, directeur artistique du théâtre Lenche à Marseille et de la compagnie L'Egrégore. Interrogé sur l'intérêt porté à ce texte, Ivan Romeuf a dit, lors d'un point de presse, hier, au théâtre national : «la situation m'intéressait beaucoup.» Et d'ajouter : «C'est le rapport des deux protagonistes – un prisonnier et son geôlier – qui a vraiment suscité mon intérêt. C'est leur façon de communiquer l'un à l'autre. Ils se parlent, mais sans jamais se raconter, se dire l'essentiel de la vie. Ils se parlent, partagent des moments, jouent ensemble aux dames, mais ils ne se connaissent pas vraiment – [ils sont en quelque sorte étrangers l'un à l'autre]. » Ivan Romeuf, pour qui «la qualité d'un metteur en scène est d'écouter», a, ensuite, expliqué : «Ce qui m'intéresse dans tout texte, y compris celui-ci, c'est bien de raconter une pièce, voire une histoire qui n'est pas la mienne.» Le metteur en scène a, en outre, indiqué que la pièce revêt une marque relevant du théâtre de l'absurde. C'est une pièce qui, d'emblée, fait rappeler le théâtre de Samuel Beckett dans la mesure où elle met «l'accent sur l'isolement de l'homme au sein d'un monde sans signification». Et cela constitue également l'une des raisons par laquelle le choix de mettre en scène ce texte est motivé. Arrêt fixe raconte un condamné à perpétuité et son gardien. L'histoire se déroule dans une cellule de prison. Les deux personnages se voient tous les jours et pendant une trentaine d'années, jouent aux dames, se racontent des histoires, mais pas l'essentiel, ces choses qui font que l'un finit par connaître l'autre. Ils se parlent, mais sans se dire. Jusqu'au jour où ils finissent par se rapprocher et tenter une approche l'un à l'autre pour mieux se connaître. C'est une pièce toute en tension. Elle donne à lire une réalité politique et sociale. Interrogé sur le rôle d'un metteur en scène, Ivan Romeuf, qui a fait savoir que ce texte lui a permis de connaître l'écriture intérieure algérienne, a fait remarquer : «Un metteur en scène interpelle et interroge à travers une pièce une société tant au plan politique que social.» Autrement dit, un metteur en scène apporte – et il le doit – une réflexion sur la société. Il a pour charge d'appréhender le public et de le faire prendre conscience sur sa réalité politique et de son vécu social. C'est aussi le conduire à réfléchir sur son individualité et sa personne comme étant tête pensante et donc la nécessité de s'entretenir et se prendre en charge indépendamment des idées préconçues. - Cette pièce qui sera jouée également les 24 et 25 août au théâtre national résulte d'un travail associant le théâtre national au théâtre Lenche. Une association qui s'inscrit dans le cadre d'un accord de partenariat signé entre ces théâtres. Cet accord de partenariat d'une durée de trois années stipule un échange dans le domaine de la formation et de la production. A ce niveau-là, le théâtre national algérien (TNA) se produira en octobre prochain à Marseille au théâtre Lenche comme celui-ci est programmé, en 2009, pour une tournée en Algérie. Par ailleurs, le TNA donnera des lectures de textes. Des stages de formation concernant le volet de la mise en scène et celui de l'actorat sont aussi prévus à cet effet, comme il est également prévu d'autres stages relatifs à l'aspect technique : son, lumière… Il est également stipulé que le théâtre Lenche partage son expérience avec le Théâtre national algérien dans le domaine du management culturel, c'est-à-dire comment gérer un établissement de théâtre. Rencontré il y a quelque temps, Maurice Vinçon, directeur du théâtre Lenche, a dit : «Ce que nous voulons de cet accord d'association, c'est, d'une part, de participer avec notre expérience à cette relance que connaît le théâtre algérien. Nous tenons à contribuer à cette dynamique que nous soutenons. Et, d'autre part, de développer une coopération à égalité, de l'enrichir et de la diversifier.» Ainsi, par cette coopération, Maurice Vinçon estime pouvoir jouer un rôle actif dans la relance du théâtre algérien, un théâtre pour qui «il se met en forme». «Le théâtre algérien s'inscrit dans un mouvement enthousiasmant», a-t-il conclu.