Projet n La création d'un réseau africain pour la promotion des œuvres théâtrales est une nécessité pour assurer la pérennité du 4e art africain et préserver sa spécificité. Quel est le défi auquel le théâtre africain est confronté aujourd'hui ? Il y en a en fait deux que ce dernier doit relever pour une pratique meilleure et durable. Le premier est d'ordre financier. Les professionnels peinent à trouver l'argent nécessaire pour financer leur création et diffuser leur produit théâtral. «Il y a effectivement un problème d'argent», déclare Catherine Komé, metteur en scène malienne, ajoutant : «Comme partout en Afrique, les artistes ont des difficultés à trouver de l'argent leur permettant de financer leur travail.» «Il n'y a pas un soutien et une aide à la création ou encore à la production», regrette-t-elle. Cette réalité contraint les dramaturges africains à aller prospecter, quêter des sources de financement hors de leurs frontières. C'est en Europe – et notamment en France pour ce qui concerne l'Afrique francophone – qu'ils trouveront les moyens pour l'aboutissement de leurs projets. «J'essaie de trouver de l'argent dans le Nord pour financer des créations dans le Sud », déclare Georges M'Boussi, metteur en scène du CongoBrazzaville. Il se trouve cependant que solliciter le soutien de l'Occident, c'est dépendre financièrement de ce dernier. C'est pour cette raison que le critique d'art dramatique burkinabé Barry Saïdou Alceny fait appel à un partenariat Sud-Sud, partenariat consistant à développer des projets de coproduction ou de diffusion du produit théâtral et, du coup, à protéger la création théâtrale africaine et à préserver l'identité et l'authenticité du théâtre africain. Mais pour ce faire, il faut qu'il y ait un réseau africain pour la promotion du théâtre. C'est-à-dire la nécessité d'avoir un marché commun du théâtre africain. «Créer un circuit où tous les gens du théâtre se retrouvent, témoignent manifestement d'un engagement en faveur du développement du 4e art», s'accordent à dire les professionnels africains rencontrés lors du Festival international du théâtre d'Alger, ajoutant : «La création d'un réseau à même de s'engager dans la diffusion et la promotion des œuvres théâtrales en Afrique est une nécessité», disent-ils. Et d'expliquer : «Parce que le constat est amer : les œuvres de l'Afrique Noire restent circonscrites dans une géographie limitée. Elles n'atteignent jamais l'Afrique du Nord. Et inversement. Il y a aussi le fait qu'en Afrique Noire même, le produit théâtral est mal diffusé. Cela revient à un problème structurel, problème limitant la circulation et la diffusion de nos œuvres.» Ainsi, l'appel de la création d'un pareil circuit a été lancé, il y a quelques mois, à Dakar, par les professionnels africains du théâtre, et ce, à travers le réseau Afric'arthéâtre.