Constat n S'il est vrai que les bus assurant le transport entre la gare du Caroubier et Tafourah ont cessé le service, il n'en demeure pas moins que les taxis sont encore nombreux à proposer leurs prestations. Entrée de la gare routière du Caroubier. Il est 17h 30 en ce premier jour de ramadan. Les derniers passagers pressent le pas pour rejoindre l'arrêt situé à quelques mètres de là afin de prendre le bus et rentrer chez eux avant l'adhan. «Fais vite mon fils, au rythme où tu marches, on risque de passer la nuit dehors», fait remarquer une dame d'une quarantaine d'années à son fils âgé de 12 ans environ qui éprouve toutes les peines du monde à marcher tellement il est épuisé. «C'est toi qui as insisté pour jeûner, alors assume», lui dit-t-elle encore avant de le prendre par la main et accourir vers le bus qui venait d'arriver. «Chamanœuvre, Chamanœuvre (Champ de manœuvre, Champ de manœuvre)», lance de loin le receveur d'une voix à peine audible. Visiblement très fatigué, il tente tout de même de convaincre les récalcitrants à «monter» en insistant : «Chamanœuvre, Chamanœuvre, makach transport (il n'y a plus de transport)». S'il est vrai que les bus assurant le transport entre la gare du Caroubier et Tafourah ont cessé le service, il n'en demeure pas moins que les taxis sont encore nombreux à proposer leurs prestations. Mais les clients ne se bousculent pas au portillon. Ce qui, curieusement, ne semble pas déranger outre mesure les chauffeurs de taxi. «Je suis ici pour passer le temps, croyez-moi. Je n'aime pas rentrer chez moi et attendre l'heure de la rupture du jeûne car cela me stresse franchement. Maintenant, s'il y a des clients, c'est tant mieux», affirme l'un d'eux, un homme d'une cinquantaine d'années qui donne l'impression d'être dans un autre monde : le jeûne l'a tout simplement assommé. «C'est vrai que je suis un peu fatigué, mais je tiens le coup quand même», reconnaît-il. Il est 18h 05 à présent. Plus l'heure de l'adhan approche, plus la gare routière se vide. Les derniers bus anté-f'tour en provenance des wilayas de l'est, de l'ouest et du sud du pays viennent d'arriver. Certains sont carrément vides. Pourtant, une nouvelle semaine commence demain avec le nouveau week-end. «Vous savez, beaucoup se sont arrangés pour prendre leurs congés en cette période de l'année et passer ainsi le mois de carême avec leurs familles», affirme, en guise d'explication, un employé de la Société de gestion de la gare routière d'Alger (Sogral).