Constat n L'ouverture du secteur des transports à l'investissement privé n'a pas résolu tous les problèmes qui étaient posés à l'ère du monopole de l'Etat. Loin s'en faut. Dans certaines régions du pays, la situation a même empiré. Bus usés, horaires de départ et d'arrivée rarement respectés, tarifs non conformes à la réglementation, les transporteurs privés se comportent d'une façon qui laisse croire qu'ils sont les «maîtres à bord». «Celui qui n'est pas content n'a qu'à descendre», lancent-ils à chaque fois à l'adresse des usagers qui osent se plaindre des conditions de voyage ou faire une remarque désobligeante. Conscients de leur «indispensabilité», ils font comme bon leur semble. Pour eux, privé est synonyme de liberté totale. Et la notion de service public dans tout cela ? C'est le dernier de leurs soucis. La preuve est qu'ils cessent le service dès qu'ils ont une affaire à régler. Les week-ends et les jours fériés, la plupart d'entre eux les consacrent… au repos ! Du coup, les citoyens se retrouvent confrontés à un sérieux problème de transport. «J'essaye de régler mes problèmes et de rendre visite à ma famille le vendredi car c'est le seul jour de la semaine où je ne travaille pas. Comme je ne suis pas véhiculé, j'y parviens rarement étant donné que les moyens de transport manquent, surtout l'après-midi», affirme à ce propos Ahmed, 37 ans. De l'avis de cet employé d'Algérie Poste résidant à Menaceur, dans la wilaya de Tipasa, les taxis clandestins ne doivent pas être inquiétés par les services de sécurité car ils rendent d'énormes services à la population : «C'est du moins le cas dans les régions rurales où les transports en commun manquent terriblement.» Même au niveau des grandes villes, leur apport est précieux, surtout le soir. A Alger par exemple, on ne trouve qu'eux au niveau des stations de taxi et de bus à partir de 19 heures. «Durant le ramadan, je ne trouvais aucun bus à la gare de Tafourah à chaque fois que je m'y rendais aux environs de 18 heures. Je me rabattais automatiquement sur les clandestins», témoigne Aziz, 22 ans, serveur chez un restaurateur à la gare routière du Caroubier. Mais pourquoi les transporteurs n'assurent-ils pas le transport le soir ? «Parce qu'il y a peu de voyageurs», se justifient-ils. A suivre leur logique, les gares devront être purement et simplement fermées quand il y a «peu de voyageurs». Sous d'autres cieux, les opérateurs assurent des navettes jusqu'à une heure tardive de la nuit avec…zéro voyageur parfois ! En cas de défaillance, ils s'exposent à de sévères sanctions.