Conséquences n El-Attaf a connu deux exodes massifs : celui ayant suivi le séisme de 1980 et celui des années du terrorisme. La ville compte actuellement plus de 70 000 habitants, la plupart provenant des villages l'entourant ou la surplombant. Devenue par la force des choses un carrefour commercial, cette localité sise sur la RN4 est surpeuplée à tel point que tout s'y vend. «A el-Attaf, même les pierres peuvent être commercialisées tellement il y a de monde», ironise ce jeune qui vend pour la circonstance du pain et des feuilles de diouls sur le trottoir de la ruelle principale de la ville, qui est devenue un marché à ciel ouvert en ce mois sacré. L'activité commerciale est très animée dans la région, en témoigne le marché hebdomadaire qui s'étale sur trois jours et qui a été rouvert à la sortie de la ville et agrandi, présentant ainsi toutes les commodités liées à la sécurité et au confort. Quincaillerie, habits et autres produits électroniques ainsi que ceux de beauté sont étalés par des vendeurs venant des quatre coins du pays. Ce marché permet également aux chômeurs de la ville de se faire un peu d'argent de poche en tenant des petits commerces ou en gardant les parkings. Comme le taux de chômage est assez élevé dans la région ces derniers temps, la ville connaît, chaque jour, très tôt dans la matinée, une affluence de demandeurs d'emploi qui ne désespèrent pas d'être recrutés comme saisonniers par les propriétaires terriens. M'hamed, un homme d'un âge certain, attend de se faire embaucher. «Jadis, je possédais un lopin de terre où je cultivais les plus précieux produits. Je produisais même des noix et du miel. Mais comme les enfants ont grandi, ils ne veulent pas retourner à la montagne. Alors je suis obligé de m'user pour nourrir mes sept enfants et la manière importe peu», dit-il avec un brin de tristesse et de nostalgie dans la voix. A partir de midi, le boulevard menant de l'église à la sortie sud de la ville est bourré de piétons si bien que les automobilistes sont obligés de faire un détour pour éviter la route menant vers Ouled-Moussa, le quartier le plus peuplé de la ville. A une demi-heure de la rupture du jeûne, cette rue devient un véritable capharnaüm. Tous les produits sont proposés, des pâtisseries orientales, du pain, des vêtements et autres téléphones portables. Ces vendeurs sont totalement indifférents à l'arrivée de la police qu'ils fuyaient pourtant auparavant. Un responsable n'a pas manqué de nous faire part de ses appréhensions au cas où la police viendrait à interdire la vente dans cet endroit. Il craint la réaction des chômeurs qui profitent du mois sacré pour se faire un peu d'argent. Même après la rupture du jeûne, la ville grouille de monde, le transport étant assuré par des bus. La satisfaction se lit sur les visages dans les cafés où les négociations autour des transactions du lendemain se font autour d'un verre de thé. Tout le monde y trouve son compte que ce soit le vendeur, le revendeur ou encore le client, ce dernier pouvant faire un peu d'économie pour subvenir aux besoins de ses enfants pour la rentrée scolaire et l'Aïd.