Réalité n Ils sont magistrats, avocats, médecins, enseignants à l'université, ingénieurs, journalistes et autres cadres de l'Etat travaillant et jouissant même d'un rang social élevé, mais qui sont contraints de vivre dans des conditions très difficiles. Ils sont venus à Alger à la recherche d'un travail. Mais le vécu quotidien de ces cadres est incompatible avec leur statut, très considéré sous d'autres cieux. Ils sont nombreux à être confrontés au problème d'hébergement qui semble insurmontable. Ainsi, ils se ruent sur des hôtels de fortune en louant des chambres qui n'offrent généralement que le minimum. «Nous n'avons pas le choix !», répondent à l'unanimité ces cadres qu'on rencontre généralement dans les administrations, les universités ou dans les bureaux des entreprises. Louer une chambre dans un dortoir ou dans un hôtel non classé, souvent ne répondant pas aux normes d'hygiène, semble être l'unique alternative pour ces milliers de cadres qui font fonctionner de grandes institutions et organismes publics. Les raisons qui les ont poussés à recourir à ce procédé sont multiples. «Je ne peux pas louer un appartement à Alger avec le salaire que je perçois actuellement, et pour faire quelques économies, j'ai eu recours à cette formule», explique Akli, comptable dans une grande entreprise. Selon lui, les prix pratiqués dans l'immobilier sont hors de portée d'un simple fonctionnaire. «Il est impossible pour moi de louer un appartement à Alger. Pour un F2, on demande 20 000 à 25 000 DA par mois avec une avance d'une année. J'arrive à peine à subvenir aux besoins de ma famille !», râle un enseignant qui a eu recours plusieurs fois à des crédits bancaires. Mais dans ces hôtels, une place dans une chambre, en compagnie de deux ou trois personnes, coûte entre 3 000 à 4 000 DA par mois, selon l'état des lieux. «C'est l'équivalent du coût de la location-vente d'un appartement de l'Aadl», note un avocat qui partage une chambre avec quatre personnes dans un hôtel de fortune à la Place des Martyrs. Ainsi, et dans le but d'être actif et d'éviter le chômage, ces cadres ont recours à cette formule moins coûteuse. «Mais cela n'est pas sans conséquence», souligne la plupart d'entre eux. «Il m'arrive de dormir avec des voyous dans la chambre et je ne peux rester indifférent à ce détail», avoue Mohamed, ingénieur en mécanique. «Je travaille dans un ministère et quand je sors ou rentre dans le dortoir, j'ai honte. Si mes collègues apprennent que j'habite dans un tel endroit, sachez bien que c'est ma réputation et mon poste qui seront en jeu», témoigne Amar, originaire de Médéa. Pour éviter une mauvaise compagnie dans la chambre, certains sacrifient le quart de leur salaire. «J'ai pris une chambre à moi tout seul pour 6 000 DA par mois pour éviter les conflits. J'ai opté pour cette formule, quitte à sacrifier mon salaire, pour avoir la tranquillité», explique Hakim, ingénieur en informatique. En fait, les témoignages de ces nombreux cadres démontrent les difficultés rencontrées par une catégorie censée être la mieux considérée à l'échelle sociale.