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A quand la valorisation des enseignants- chercheurs de l'université ?
Publié dans El Watan le 02 - 05 - 2010

« N'importe quel élément subit les interactions de son milieu ». Un des principes de la thermodynamique.
Les enseignants du supérieur ont gelé ou suspendu leur grève salariale depuis octobre 2006. Le nouveau statut de l'enseignant-chercheur a été promulgué le 3 mai 2008 par le décret exécutif n°08-130. A cette date d'avril 2010, aucune indemnité spécifique n'a été attribuée aux enseignants du secteur de l'enseignement supérieur. Combien il est louable aux responsables de ce pays de tenir leur parole. Il est demandé à qui de droit de nous donner notre « dû », même avec deux années de retard. L'un des ennemis de la destinée humaine est « le temps ». Dans les vies sociale et économique, les hausses des prix n'ont pas attendu les augmentations. Le salaire quotidien d'un maître de conférences de classe A n'est que de 5 kilos de haricots blancs, 5 kilos de poids chiches et 4 kilos de lentilles de marque « Garrido » au prix unitaire respectivement de 150 DA, 150 DA et 160 DA le kilogramme.
Tout le monde conviendra que c'est une situation sociale caricaturale pour les enseignants chercheurs. Une frange des enseignants universitaires ne lutte que pour sa survie. Les enseignants universitaires, dont moi-même, ne vivent pas tous en couple d'enseignants universitaires ! Aujourd'hui-même, j'ai payé à 17000 DA une ordonnance médicale pour mon enfant. Dans son article(1), au paragraphe « Le rôle des agents locaux » en page 10, et comme son titre l'indique, Khalfaoui a bien identifié notre mal à l'université qui est celui du retour à la « situation coloniale ». « ... Les universitaires algériens sont en général dépourvus non seulement des moyens d'exprimer publiquement une opinion commune, mais aussi des conditions mêmes qui leur permettent de formuler une telle opinion : éclatement en groupes antagoniques, sous-organisation syndicale, contrôle policier étroit, démobilisation, lutte pour la survie… »
L'université ne peut pas évoluer dans un milieu autre qu'algérien où les missions de l'Etat exigent une neutralité totale, éloignée de tout soupçon. Comme l'a rappelé un collègue : « Comment expliquer la surbureaucratisation de notre environnement et la suprématie grandissante de l'administration sur tout ce qui touche au domaine consacré à l'enseignant chercheur ? » J'ai dénoncé par écrit et par des chiffres ma situation financière humiliante en 2007(2) et en 2010(3), un système de communication bien algérien, qui part du principe qu'il vaut mieux faire pitié qu'envie. J'ai crié mes douleurs car cela m'écœurait, sachant que j'ai toujours évolué dans un univers cartésien, le département de mathématiques. Il n'est pas une seule université où l'on puisse vivre à l'abri de la bureaucratie scandaleuse(4).
Depuis deux années qu'on nous a attribué une première tranche d'un budget de fonctionnement de 4000 000 DA et trois années depuis l'agrément de notre laboratoire de recherche, on n'est pas arrivé à dompter cette bureaucratie ! Qui est responsable de qui ? Jusqu'à ce jour, nous sommes incapables d'acheter une « rame de papier » !... La confiance s'est érodée. L'impunité de l'incompétence est organisée. Les responsables ont trop fermé les yeux ou refusent parfois de voir la réalité en face. Dans une sorte de phénomène circulaire, les universités sont contrôlées avec des satisfecit. Toujours dans le cadre d'un laboratoire, combien paye-t-on un chercheur ? Rien ! Alors que les fournisseurs se remplissent les poches ! Comment rehausse-t-on la science, avec des chercheurs mendiants ? La situation financière de certains universitaires n'émeut aucun responsable de ce pays ? Des intervenants dans des forums de discussion ont remarqué que nos universitaires, et c'est une constatation amère, n'apportent rien et se limitent à se plaindre de leur salaire.
Annuellement, les professeurs européens et américains perçoivent respectivement 60 000 euros et 100 000 dollars. Comparativement aux enseignants maghrébins et européens, les enseignants algériens mettent leur expérience professionnelle au service des étudiants pour une rémunération scandaleusement modique. Je suis à l'université depuis septembre 1986. Je suis un homme qui voudrait vivre une vie simple et rendre le monde plus supportable à ses propres yeux. Dans quelques moments de besoin, je lâche de la vapeur, un peu de colère brûlante dont la chaleur tombe avec les mots. Croyez-vous qu'on n'identifie les universitaires qu'à leur grade ? On les reconnaît à leur regard, à la démarche, à l'allure, au ton qu'ils affectent, à leur participation à la vie de l'université, etc.
J'ai vécu pendant quinze mois à Tours, en France, dans une petite école polytechnique, mais elle s'ouvrait sur le monde entier. Elle était cent fois plus petite que notre université, mais j'y étais moins à l'étroit. Le climat est malsain à l'université scientifique algérienne. Le cheval de bataille des responsables ne doit plus être « l'augmentation du salaire à tous les enseignants », mais l'augmentation imminente du salaire aux enseignants qui participent à la vie pédagogique, à la recherche et à l'épanouissement de l'université. Il est temps de faire contribuer les enseignants-chercheurs à la vie de l'université où la misère les a poussés à aller chercher leur vie ailleurs.
Comment ? En les rémunérant fortement, en les incitant à travailler beaucoup, à encadrer des étudiants en faisant de la recherche, en participant et en faisant des communications dans des séminaires, des conférences, des symposiums, en publiant dans des journaux non payants de renommée, en mettant en relief leurs travaux sous la forme de revues, de livres, de confection de sites Web, de brevets d'invention ou en améliorant des procédés, etc. La tutelle doit les libérer des contraintes de la vie quotidienne en leur donnant leur « dû » pour se consacrer et réussir à mieux planter leurs graines du savoir dans la terre fertile des étudiants. Les enseignants ne seront plus oisifs dans l'enceinte de l'université. Les enseignants ne feront plus de « business » et seront plus présents à l'université. Ils ne se contenteront plus que des heures de cours.
Des enseignants de rang magistral, titulaires de doctorat décerné en Algérie ou à l'étranger, fourniront plus d'efforts en formant des binomes d'élèves de fin de cycle de la graduation, des masters et des doctorats. De nos jours, les énergies renouvelables, l'agriculture, l'hydraulique, etc. sont les sujets d'actualité. Dans notre pays, il n'y a jamais eu de projet de construction de trains à moyenne ou à grande vitesse, un TGV, d'une fusée, d'un grand paquebot, L'Algérie, etc. Ce genre de projets relève en général du politique. La recherche fondamentale, la base de toute recherche appliquée, se fait, mais insuffisamment. Dans la recherche, l'essentiel est de proposer ou soulever les problèmes et de leur apporter des solutions même provisoires.
A mon avis, il ne faut plus importer les produits technologiques, il faut les produire en Algérie et les améliorer. Dans le cadre des énergies renouvelables, l'Algérie veut se doter d'une « tour solaire » pour fournir de l'électricité. Elle doit s'atteler à ce projet vital pour fournir le pays en électricité. Elle ne doit pas rester à la traîne en recherche. Pour réaliser ce projet, je suggère au MESRS d'envoyer une « brigade de scientifiques » (1000 hommes au moins, physiciens, mathématiciens, chimistes, informaticiens, psychologues, sociologues, etc.) auprès du département des sciences exactes d'Adrar, wilaya torride et très ensoleillée, de leur construire rapidement des hangars-ateliers climatisés, des logements climatisés..., leur offrir des conditions de vie extrêmes, les prendre en charge financièrement, médicalement, socialement, etc. Cette brigade de scientifiques ne sera autorisée à regagner le Nord algérien que si elle ramène un « câble électrique solaire » en faisant allusion à Ricatti, le savant américain d'origine italienne, et l'équipe de physique nucléaire de Los Alamos, au Nevada, aux USA, en 1944, qui ont produit la première bombe atomique.
La situation de l'Algérie de 2010 n'est pas très flatteuse. On risque d'être la joie des caricaturistes. Notre société est inerte, scientifiquement et technologiquement. Les chinois ont le monopole de l'autoroute est-ouest ; les Moyens-Orientaux, celui des télécommunications ; les américains, le pétrole et le gaz ; les turcs et les espagnols, la pêche, respectivement à l'est et l'ouest du pays ; les français, la finance, etc. Que détiennent les algériens ? De la bureaucratie ! Pourquoi ne fait-on pas confiance aux algériens pour réaliser ces projets ? Quitte à ce qu'ils échouent, doublent, triplent dans leur réalisation. De ce fait, cela leur fera sûrement de l'expérience pour l'avenir afin de contribuer aux relèvements politique, économique et social de notre pays. L'Université est à la dérive, tout le monde le sait, mais personne ne pourra jamais l'avouer en public. L'Algérie ne doit-elle pas un jour construire un Etat moderne, éduquer son peuple, entrer dans le concert des nations prospères et respectées ?
A. D. : Maître de conférences-A de mathématiques
Notes de renvoi : 1- Hocine Khelfaoui. Le Processus de Bologne en Afrique : globalisation ou retour à la « « situation coloniale » ? JHEA/RESA, Journal of Higher Education in Africa/Revue de l'enseignement supérieur en Afrique, Vol. 7, n° 1 et 2, 2009, pp.1-20.
2. Ali Derbala. « L'algérianisation du corps enseignant : une trisomie » in Le Quotidien d'Oran du 27 mars 2007, rubrique : Débats, p.7.
3. Ali Derbala. « La formation doctorale dans un laboratoire de recherche »in El Watan du 26 janvier 2010, rubrique : Idées-Débat, p.21.
4. Ali Derbala. « Halte à la bureaucratie dans la gestion des laboratoires de recherche en Algérie ! » in El Watan, rubrique : Idées-Débats, 1er et 2 décembre 2009, p.22.


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