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Plaidoyer pour un plan marshall (2e partie)
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Publié dans L'Expression le 10 - 08 - 2004

Si l'université est comptable des performances de ces diplômés., il ne faut pas que des administratifs dictent le mode d'enseignement.
Il est grand temps de parler vrai. L'université doit donner sa chance à ceux qui font l'effort de travailler étant entendu que les conditions minima de travail soient possibles. Du fait des contraintes matérielles de plus en plus drastiques, l'étudiant qui a doublé a laissé passé sa chance, il ne doit pas avoir les mêmes chances que celui qui démarre. On peut envisager alors au vu des contraintes d'appliquer localement le principe de réserver la place pédagogique complète au primo-étudiant. Les «autres» au vu de leurs performances, seront appelés pour effectuer les contrôles pédagogiques, nécessaires pour valider leurs examens.
La double vacation qu'il faudra mettre en place dans les structures saturées peut être un poumon. Il faut savoir par exemple, que l'université de Mexico compte 200.000 étudiants et fonctionne 21 heures en 3 vacations. Cela nécessite un environnement en termes de moyens matériels pour avoir un turn over de deux rotations, ainsi que les moyens de transports qui doivent être disponibles jusqu'à 21 heures. Enfin et c'est le plus important, l'élément humain est déterminant. Des postes techniques et administratifs doivent être disponibles.
En ce qui concerne les enseignants, nous devons savoir que nous ne pouvons pas compter sur des enseignants vacataires ou titulaires mais qui font la chasse aux heures supplémentaires. C'est assurément une erreur, on ne peut rien construire avec des enseignants volatils. Si l'université est comptable des performances de ces diplômés., il ne faut pas que des administratifs dictent le mode d'enseignement. Pour en venir à l'apport supplémentaire à permettre en recrutement, il est d'au moins 7000 nouveaux enseignants.
Toutes les nations développées ont, à un moment ou un autre, été amenées à construire et définir leurs propres outils pédagogiques. Il est utopique de croire qu'il suffit d'acheter de l'étranger. Outre le fait que l'Etat aura de moins en moins la possibilité de subvenir aux besoins en équipements pédagogiques de tous les établissements. S'agissant des équipements pédagogiques, les dépenses en équipements sont exorbitantes, aussi bien pour l'éducation nationale, la formation professionnelle, que les premiers cycles du supérieur. Des études ont montré qu'il est possible de concevoir, d'adapter et de construire une grande partie de ces équipements par nous universitaires, dans le cadre de la recherche.
C'est en fait des centaines de millions de DA épargnés, c'est une création de richesse qui permet de sédimenter un réel savoir-faire ; les milliers de diplômés pourront naturellement être partie prenante. On l'aura compris ce n'est pas une Ansej classique qui pourra s'en occuper mais une véritable agence de conception et de réalisation des équipements pédagogiques qui, naturellement, n'a pas de rapport avec les agences de recherche actuelles. Les expériences de grands pays comme l'Inde, la Chine ou le Brésil peuvent être adaptées. Les prototypes et même certains équipements seraient réalisés dans le cadre de projets de fin d'étude ou de thèse de magistère.
Le dimensionnement de l'université
C'est la nouvelle vision de l'emploi qui passe par l'encouragement des jeunes diplômés ingénieurs qui créeraient ainsi leur propre emploi. C'est toute la dynamique des «start-up» créées dans les pays développés. L'aide à la création de l'emploi aurait son plein sens et éviterait les donations actuelles, sans lendemain, aux jeunes, de crédits qui ne leur permettent pas de créer des emplois durables.
Pendant les vingt-cinq premières années, les bilans de l'enseignements supérieur, du fait d'une situation économique relativement favorable (avant le contre-choc pétrolier de juillet 1986), ne mettaient pas l'accent sur les contraintes matérielles. La création de nouvelles villes universitaires et la répartition des cent instituts à mettre en place à l'horizon 2008, devaient nous permettre d'accueillir 1000.000 étudiants. Nous voici en l'an 2004, avec plus de 800.000 étudiants en septembre, 30 villes universitaires, 12 universités, des grandes écoles, des centres Universitaires...
Une vraie planification, il faut bien en faire une, doit prendre compte de la poussée démographique. En moyenne pour une durée d'éducation de 12 ans, si on veut prévoir les effectifs à l'horizon 2010, nous devons savoir que les effectifs qui frapperont à la porte de l'université à cet horizon, sont déjà en deuxième année de l'école primaire.
Si l'Etat décide que c'est un objectif à atteindre (2500 étudiants/100.000 habitants), en nous basant sur une utilisation optimale des structures actuelles qui travailleraient en deux brigades (14 heures) au lieu des 6 heures actuelles (en moyenne). Il nous faut mettre en chantier 500.000 places pédagogiques en 4 ans soit l'équivalent de 125.000 places par an! ou encore dix universités de 12.000 places par an. C'est impossible et ce n'est pas raisonnable.
Naturellement, cet objectif devrait mobiliser non seulement les ressources de l'Etat, mais d'autres gisements de participation devraient être prospectés et mis à contribution. On peut penser notamment à la prise en charge des étudiants par des fonds privés. On pourra aussi à l'instar des pays qui ont compris la «realpolitik», sans pour autant renier ses valeurs, mettre à contribution plusieurs pays qui pourraient ouvrir des établissements spécifiques. On peut prendre comme exemple l'Egypte, dans ce pays, plus de 200.000 élèves et étudiants sont pris en charge par les missions étrangères. L'université française d'Alexandrie a été inaugurée par François Mitterrand en présence des députés égyptiens qui l'ont acclamé debout. Pourquoi n'aurions-nous pas plusieurs universités étrangères dans le pays? C'est autant de moins en termes d'étudiants que l'Etat confiera à ces institutions privées nationales ou étrangères.
Le problème du dimensionnement peut aussi être étudié en aval, c'est-à-dire par le marché de l'emploi. Cette approche est dangereuse car l'incertitude qui pèse depuis plus d'une quinzaine d'années sur le marché de l'emploi et qui risque de perdurer peut hypothéquer l'existence-même de l'université. Il vaut mieux former d'une façon qualitative des cadres quitte à ce qu'ils ne trouvent pas à s'employer dans l'immédiat.
De toutes façons, tout est lié; la nouvelle vision de l'emploi doit être corrélée avec la nécessité de définir si la possession du baccalauréat est une condition nécessaire et suffisante pour entrer à l'université, ou s'il ne faut pas placer un autre paramètre qui donnerait au bac une finalité d'emploi. L'entrée à l'université ne serait réservée qu'à ceux qui satisfont aux examens d'entrée à l'université. On découple de ce fait, l'entrée à l'université du baccalauréat qui deviendrait un Diplôme de Fin d'Etudes Secondaires. il faut bien aussi que ce tabou soit levé. En définitive, toutes ces considérations devront être prises en compte, d'ici à 2008, nous atteindrons le million d'étudiants, il faut nous y préparer avec beaucoup d'imagination. Le pari peut-être relevé, s'il existe une volonté politique qui romprait avec les errements constatés ces dix dernières années.
Les dotations allouées aux universités sont insuffisantes. Pour répondre à la norme moyenne de formation, l'Etat devrait investir en moyenne au minimum 200.000 DA actuels par étudiant. Même en répondant à cette rentrée de septembre, il est hors de doute que l'Etat n'a pas les moyens, quand bien même il en aurait la volonté, de couvrir totalement cette dépense.
Partant du principe qu'une université est une source de rayonnement et de progrès pour une région, il est tout à fait normal de mettre à contribution la ou les wilayas où rayonne l'université. Une autre source de financement peut être procurée par une contribution du tissu industriel local à concurrence ou régional d'un montant à négocier, en fonction de l'image et de la taille de l'entreprise.
Enfin , il est de la plus haute importance que l'Etat permette, à travers des textes législatifs et réglementaires, à l'université de se développer comme une véritable entreprise de l'intelligence qui vend un produit immatériel à forte valeur ajoutée. Cela va de contrats entre chercheurs et industries publiques et privées, à la formation continue pour l'industrie, et aussi à la création de sociétés mixtes avec l'industrie et même à la gestion de portefeuilles d'actions que prendrait l'université.
Il n'est pas exclu d'autre part que l'université reçoive dans le cadre de vente de prestations et de dons, des ressources extérieures et étrangères. Dans tous les cas, l'université, bien qu'elle doive garder sa mission de service public, et prendre en charge le financement des plus démunis, doit cependant pour survivre intellectuellement, inventer constamment, la dynamique des sources de financement visant à la singulariser dans la difficile compétition qui a déjà commencé dans les pays développés pour la formation d'un cadre compétent nécessairement «flexible» pour se remettre continuellement en cause, et suffisamment structuré pour accepter de changer plusieurs fois d'activité, de métier voire de spécialité.
Il sera aussi graduellement nécessaire de demander à l'étudiant de contribuer d'une façon conséquente au financement de ses études, ce qui permettrait par la force des choses d' éviter les «étudiants professionnels». Un système de prêt d'honneur pourrait permettre aux étudiants démunis de financer leurs études. Certains d'entre eux pourraient disposer de bourses qui peuvent provenir de différentes sources.
Dans tous les cas, le fonctionnement des Cous selon le schéma actuel a montré ses limites. La dotation par étudiant devrait revenir à l'étudiant directement, mais les oeuvres universitaires devront facturer, au prix coûtant, le repas et non pas à 1,20 DA (chiffre qui n'a pas bougé depuis l'indépendance). On verrait alors la réelle performance des cités universitaires. L'étudiant pouvant choisir d'aller louer une chambre chez le privé.
Par ailleurs, s'agissant des logements en cités universitaires, les règles qui existent devraient être appliquées, notamment le fait que les chambres ne doivent être octroyées qu'aux méritants (exclusion des doublants, des indus occupants, distance à respecter, priorité aux premières années...). ce n'est pas un dossier qui est du ressort du ministère de l'Enseignement supérieur, tout le gouvernement devrait être derrière ce train de mesures que constitue ce plan Marshall qui permettra à la rentrée universitaire de se faire dans des conditions acceptables.
Conclusion
On a souvent dit que la République, c'est beaucoup d'histoire, un peu de doctrine, mais avant tout une façon d'être (...) Quand elle n'est plus dans les coeurs, elle n'est pas loin de périr. La citoyenneté est plus qu'un savoir-vivre; c'est une conquête. Pour que les propositions de piste de travail soient mises en oeuvre et constituer ce plan Marshall que nous appelons de nos voeux, un projet aussi ambitieux aussi lourd de signification pour le pays, ne doit pas être traité à la légère, sous l'empire de l'émotion et des calculs politiques. Il s'agit de la survie de l'Algérie. Même si certaines décisions sont impopulaires, il faudra prendre le risque et s'attacher pédagogiquement à expliquer pour convaincre en prenant le temps qu'il faut. Le secret de la réussite viendra de l'adhésion de la communauté universitaire et partant de la société.
Enfin, les impératifs de compétition et de compétitivité exigent que le faible potentiel d'enseignants de rang magistral soit en prise directe avec les mutations économiques industrielles et sociales. Pour cela il s'avère que le regard de la société évolue dans le sens de la valorisation des idées novatrices pour la formation de créateurs de richesse, pouvant se substituer à la politique de l'Etat providence une politique de l'imagination. L'Université devant servir de véritable incubateur d'idées, de projets et de pourvoyeur de la société en créateurs d'emploi à travers la création au départ de micro-entreprises d'un type nouveau. Ces start-up doivent prendre le pas sur les entreprises d'import-export dont la grande majorité parasite ne participe pas à un savoir-faire algérien mais plutôt contribue à son atomisation inexorable et de fait à sa disparition, puisque l'Algérien ne consomme plus que ce qui a été conçu ailleurs, faisant ainsi vivre les travailleurs de ces pays. Le moment est venu de substituer aux rentes de situations, pour le bien de ce pays une nouvelle échelle sociale basée sur le savoir et le savoir-faire et la méritocratie.(1).
(1).C.E. Chitour. Le système éducatif algérien à l'heure de l'internet et de la mondialisation. Editions Marinoor. 2000.


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