La grandeur et la complexité de la Révolution algérienne «intimident» les cinéastes, de l'avis du réalisateur Mohamed Hazourli qui a animé hier en compagnie d'Ali Aïssaoui une rencontre-débat sur le cinéma et la Révolution algérienne. La rencontre, organisée dans le cadre de l'Espace du Mardi, une activité de la direction de la culture de Constantine, a pris comme prétexte le film réalisé par Ali Aïssaoui sur René Vautier qui, en défendant la cause algérienne par la caméra, est devenu l'un des pères fondateurs du cinéma algérien. Dans Vautier, de la Bretagne aux Aurès, un film d'Aïssaoui truffé d'anecdotes historiques, le réalisateur de L'Algérie en flammes rappelle que les dirigeants de la Révolution ont accordé dès le début une grande importance à la production de documents et d'images sur la lutte armée. Les films produits pendant la guerre de libération ont contribué à «dénuder» la pratique et la propagande de l'administration coloniale et contribué ainsi à la victoire de la Révolution. Ceci a amené les intervenants dans les débats à s'interroger sur le peu de films produits après l'indépendance sur cette même Révolution. L'absence de scénarios écrits par des professionnels et qui seraient à la mesure de la grandeur et de la complexité de la Révolution algérienne a été citée parmi les causes qui ont contribué à la désaffection des cinéastes ces dernières années pour le thème de la Révolution, laquelle n'a été abordée que dans une quarantaine de films alors que plus de 5 000 productions cinématographiques ont porté à l'écran les différentes facettes de la Seconde Guerre mondiale. Les participants ont été unanimes à souligner que le thème de la Révolution algérienne n'a pas eu, loin s'en faut, la place qu'il mérite dans la production cinématographique nationale.