Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Rendons plutôt hommage à la révolution algérienne qui a permis la naissance d'une production cinématographique nationale et non l'inverse même si les images et les photos portées à la connaissance de l'opinion internationale, pendant et après la guerre, ont effectivement contribué à une prise de conscience mondiale du drame vécu par les Algériens face aux exactions des colonisateurs.» Voilà une conclusion on ne peut plus édifiante sur une réalité qui, apparemment, n'a pas été précisée jusque-là. Ces propos sont à mettre sur le compte de Mohamed Hazourli, réalisateur à la station régionale de l'ENTV, qui, en compagnie de Ali Aïssaoui, son compère, auteur d'un excellent documentaire sur un cinéaste considéré, avec Djamel Chanderli, Philippe Clément et Jacques Charby, comme le pionnier du cinéma algérien, en l'occurrence René Vautier.La deuxième rencontre culturelle qu'a abritée mardi dernier la maison de la culture Mohamed Laïd Khalifa avait pour thème «la guerre d'Algérie et le cinéma». Bien sûr, comme naguère le ciné-club de Constantine drainait la grande foule, cet espace culturel prend timidement ses repères et pourra, sans nul doute, trouver un ancrage, si entre-temps il n'est pas frappé d'essoufflement. Ce risque ne venant pas du public quoique encore très timide sur le plan du nombre dans la mesure où la salle demeure dramatiquement clairsemée, pour ne pas dire aux trois -quarts vide mais ceux qui font le déplacement méritent amplement que se perpétue cette tentative qui, faut-il le rappeler, est venue remplacer au pied levé «le club du lundi», dont la réputation d'assommoir n'a très certainement pas contribué à une renaissance culturelle comme attendu mais a plutôt éloigné les rares personnes qui gardaient encore des accointances avec l'art sous toutes ses formes.Monsieur René, très beau montage documentaire réalisé par Ali Aïssaoui a laissé tout au long de l'heure qu'aura duré sa projection un silence éloquent que ne rompait que quelques rares commentaires ou appréciations chuchotés par des spectateurs.Réalisé à partir d'archives cumulées tout au long de la guerre sur l'initiative du département information du GPRA, notamment par les défunts M'hamed Yazid, Mostefa Lacheraf, Ali Boumendjel, des images en noir et blanc déferlaient sur l'écran, ponctuées par d'autres colorées sur le parcours de René Vautier, notamment lors de l'hommage qui lui a été rendu en Algérie pour sa contribution à la révolution armée ou dans des rencontres conviviales avec ceux, les maquisards, dont il fut le compagnon d'armes de bout en bout. Blessé à plusieurs reprises, il sortira du territoire algérien dans un état comateux à destination de la Tunisie.Les débats allaient s'avérer passionnés et loin de la langue de bois habituelle qui concluait ce genre de projections sur la guerre d'Algérie et au cours desquels (les débats) il fallait nécessairement abonder dans le sens de la magnificence des faits d'armes au seul avantage de l'ALN et sans tenir compte de l'engagement sincère et désintéressé d'un grand nombre de personnes appartenant à l'autre camp. Certains se sont même laissés aller à la critique, notamment sur la mise en scène de certaines séquences guerrières comme le dynamitage du train minier de Boukhadra et de Ouenza.Il nous fallait quand même rappeler que bien des cinéastes français ont mis en jeu leur carrière en évoquant même d'une manière subliminale dans des films de fiction l'aspect ignominieux du colonialisme et les exactions de l'armée française. Quoi qu'il en soit, la rencontre de mardi dernier ne peut, encore une fois, que réconforter sur un réveil de l'acte culturel dans la ville des Ponts, la ville des Kateb Yacine et Malek Haddad, d'autant que notre confrère et sociologue Madjid Merdaci l'a mieux éclairée avec une intervention que l'ensemble de l'assistance, religieusement, bue.