Scène n La Mouette d'Anton Tchekhov a été présentée, hier, au Théâtre national par la compagnie Le Grégoire de Marseille. La pièce, jouée dans un français soutenu et chargé de formules et locutions pertinentes, a été mise en scène par Ivan Romeuf du théâtre Lenche (Marseille). C'est une pièce aux forts accents dramatiques. La tragédie humaine est sensiblement perçue et ressentie. La pièce se dit autour d'un thème central, celui de l'amour, comme elle s'organise également autour d'autres questions, telles que la solitude, la jalousie et d'autres sentiments caractéristiques à la nature et à la personnalité humaines. La pièce met en scène dix comédiens, chacun interprète – avec autant de charme que de théâtralité, et cela dans un jeu juste et attachant – un personnage, sa sensibilité, sa personnalité et sa psychologie. Tout commence lorsque des gens de la bourgeoisie vont en villégiature à la campagne : pour passer leur temps, ils s'organisent pour monter une pièce. Ils font appel à une comédienne russe de grande renommée pour diriger les comédiens et encadrer le jeu. Au cours des répétitions, les différents protagonistes, hommes et femmes, s'engagent dans des relations intimes, et chacun finit, au contact de l'autre, par laisser entrevoir son jardin secret. Les sentiments des uns envers les autres éclosent – parfois flétrissent aussitôt éclos – et prennent des proportions lyriques et parfois dramatiques : déception, déconvenue, malheur, désillusion... Car souvent les cœurs sont pris, indisponibles. Ces sentiments à la limite du conflictuel mènent parfois à une issue tragique : la mort. Le public assiste à un suicide de l'un des protagonistes, un passionné, nourri d'illusion et emporté par l'émotion. Ainsi, la pièce dévoile le revers de l'amour, trompeur et impossible. Un amour relevant de l'onirisme sentimental et d'un idéalisme à la limite du naïf. C'est dans ce flot de sentiments, dans ces moments d'abord heureux et dramatiques au fil de l'histoire, que les comédiens s'abandonnent à leur rire comme à leurs larmes, à leur espoir comme à leur désillusion, à leur désenchantement marqué par un profond sentiment de désespoir. A noter que cette pièce a été donnée dans le cadre du programme de coopération Carte blanche entre le Théâtre national algérien et le théâtre de Lenche de Marseille – d'autres pièces, à savoir Il n'a été heureux qu'une fois sous un parapluie et Arrêt fixe, sont aussi programmées dans ce cadre Et de rappeler que Carte blanche est un partenariat signé par les deux institutions (Théâtre national algérien et le théâtre Lenche de Marseille) en vue de mettre en œuvre et de développer des compétences en matière de création théâtrale. Ce partenariat consiste à promouvoir, de part et d'autre, l'échange d'expérience, tout comme il permet d'élaborer des programmes communs dans toutes ses composantes aussi bien artistiques que pédagogiques. Le but est alors l'installation de jeunes comédiens souhaitant développer une activité en rapport avec les métiers du quatrième art.