Nécessité n Les efforts de sensibilisation et de prévention devront s'intensifier avant que cette maladie ne prenne de l'ampleur dans notre pays, recommandent les spécialistes. Le sida est en constante progression en Algérie, menaçant une grande partie de la population et particulièrement les jeunes. Le laboratoire National de Référence fait état de 1 011 cas cumulés de personnes atteintes par cette infection sexuellement transmissible et 4 048 de séropositifs. Pour le Dr Skander, président de l'Association de prévention et de lutte contre les infections sexuellement transmissibles (Aniss), ces chiffres sont loin de refléter la réalité en raison d'absence d'études et d'enquêtes exhaustives sur l'ensemble du territoire national. «Les estimations les plus réalistes indiquent que l'Algérie compterait plus de 21 000 personnes atteintes et qui contamineraient à leur tour un nombre en nette augmentation d'année en année», a-t-il indiqué, hier, à l'occasion d'une table ronde sur le sida organisée au forum du journal El Moudjahid. Le manque d'informations constitue l'une des principales causes de la propagation de ce virus mortel, d'où la nécessité de mener sans cesse de larges campagnes de sensibilisation. Car actuellement, on parle de cette maladie seulement à la veille de la célébration de la Journée mondiale du sida, le 1er décembre. Une étude récente de l'Unicef a démontré que seulement 15% des jeunes Algériens connaissent les modes de transmission et de prévention des Infections sexuellement transmissibles (IST), dont le sida. La donne est encore plus grave chez la gent féminine, dont seulement 10% sont conscientes des moyens de prévention de cette maladie. Il faut dire aussi que l'école, l'université et le mouvement associatif ne jouent pas pleinement leur rôle. On se contente de distribuer quelques préservatifs et dépliants à l'occasion. La pauvreté constitue un autre facteur aggravant. La prolifération des lieux de prostitution non contrôlés est, en effet, devenue une réalité dans notre société. Le comportement répressif (descentes des services de sécurité, fermeture de quelques lieux de débauche, stigmatisation des victimes de ces pratiques…) vis-à-vis de ce fléau, n'a pas pu régler le problème. Il faudrait plutôt opter pour des solutions visant à «anéantir» les facteurs d'apparition et de propagation du sida. Le directeur exécutif de la Fondation pour la promotion de la recherche médicale (Forem), Abdelhak Mekki, plaide pour la mise en place de moyens permettant une réinsertion sociale des personnes atteintes du sida. «La Forem assiste actuellement une quarantaine de sidéens à Tiaret à travers la réalisation des Kiosques multiservices (KMS) leur permettant de gagner leur vie décemment. Nous cherchons actuellement des fonds de soutien afin de réaliser d'autres projets au profit de ces personnes vulnérables», a-t-il expliqué. Un exemple à méditer, si nous voulons réellement protéger les sidéens et les mettre à l'abri des situations de contamination d'autres personnes.