Considérée comme une maladie taboue, le sida connaît une évolution qui inquiète. L'heure est grave! Les chiffres ne cessent de prendre de l'ampleur. Actuellement, près de 800 cas de sida ont été recensés en Algérie. C'est ce qu'a confirmé hier à Alger le professeur en médecine Mosbah Smaïl, en marge de la conférence donnée pour les pairs éducateurs à l'Ecole de la formation paramédicale à Kouba. Le VIH touche en majorité la population jeune allant de 19 à 40 ans, selon les dernières estimations de l'Organisation mondiale de la santé en 2007. Plus grave, plus de 90% de la contamination et de la transmission du virus a lieu en Algérie alors que pendant les premières années de son apparition il était rapporté d'Europe ainsi que par l'immigration clandestine. Un développement de la maladie inquiète énormément les services médicaux concernés par le phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Deux cas de plus ont été recensés dans la région de Tamanrasset. L'immigration clandestine est à l'origine de cette situation dans la région de l'Ahaggar alors qu'en 2005, le nombre des porteurs du virus était de 100, selon le professeur Mosbah. 48 centres de dépistage sont ouverts dans les wilayas du pays. Un chiffre insignifiant et qui reste en deçà de la communication devant être centrée sur ce type de maladie, d'où le manque flagrant d'informations. Un blocage énorme est enregistré même au sein des services hospitaliers, si ce n'est dans la majorité des hôpitaux, selon la même source. Par ailleurs, plusieurs médecins des autres services refusent de prendre en charge les personnes atteintes du VIH. Une situation précaire liée à une maladie à risque. L'astronomique somme de plus de 250.000DA est consommée annuellement par un seul malade, selon le docteur Mosbah. Si l'information circule mal, si des médecins hésitent à prodiguer des soins, il n'en reste pas moins que les malades sont pris en charge dans plusieurs hôpitaux. La prise des médicaments se fait à partir d'un certain stade allant jusqu'à cinq ans après que la maladie se soit déclarée. Toutefois, la maladie a pris une ampleur alarmante en Algérie, selon le docteur Mosbah. Ce phénomène est dû particulièrement à la prostitution sous toutes ses formes dont 45,8% causées par des relations hétérosexuelles en Algérie. Enorme également le nombre de malades contaminés par la consommation de drogue par injection. Par ailleurs, l'Algérie connaît un progrès remarquable en matière de transfusion sanguine malgré la précarité de la situation sanitaire des hôpitaux. Le sida, maladie sans remède pour le moment, est un phénomène qui touche de plus en plus les structures sociales du pays. Le comportement de l'individu et le manque de responsabilité restent parmi les raisons de l'actuelle dérive et la progression du VIH. La menace est énorme dans une société qui ne veut toujours pas admettre l'urgence que suscite cette maladie. Le manque d'infrastructures ainsi que l'absence de prise en charge des malades par la société et le refus d'en appréhender la gravité risquent de mener à des situations gravissimes telles que le suicide. Des malades n'acceptent pas leur maladie, d'une part, et sont rejetés, d'autre part, par leurs familles, comme le souligne le professeur Mosbah. «L'heure n'est pas à blâmer mais à prendre des mesures pour sensibiliser les gens et les mettre en confiance.» De fait, il est signalé plusieurs suicide parmi les porteurs du virus du sida. De nombreux malades refusent de suivre le traitement et préfèrent mourir.