Au IIIe siècle avant J.-C., c'est au tour d'un autre Grec, l'astronome et mathématicien Eratasthène, de décrire Saba. On doit à cet auteur la division de l'Arabie en deux parties : l'Arabie heureuse, Arabia felix des Latins, arrosée par les pluies et fertile, et l'Arabie désertique, Arabia petra, envahie par les sables et aride. Il donne des informations sur les peuples qui habitent ces contrées. Les Sabéens étaient, selon lui, voisins des Minéens, ce qui prouve l'extension de leur royaume jusqu'à la mer Rouge. Ils possédaient le monopole de la production et de la vente des aromates. Diodore de Sicile (Ier siècle avant J.-C.) reprend les mêmes informations et signale que le peuple de Saba était particulièrement riche et puissant. Dans sa Bibliothèque historique, il écrit : «Un parfum naturel flotte sur tout le pays… Le long du littoral, poussent ce que l'on appelle le balsamier, la cannelle et une autre herbe d'une nature particulière, qui, fraîchement coupée, est très agréable aux yeux mais qui se fane très vite. Dans l'intérieur, il y a des forêts épaisses où croissent de grands arbres à encens et à myrrhe, ainsi que le palmier, le colamus, le cinnamome et d'autres arbres odoriférants.» Quant au peuple de Saba, Diodore écrit, à ce propos : «il surpasse, non seulement tous les Arabes du voisinage, mais également tous les autres peuples par ses richesses et aussi par son luxe. En effet, dans les échanges de marchandises et les achats, ils obtiennent, pour les moindres marchandises, les prix les plus élevés. Leur éloignement leur a valu de ne pas être pillés depuis longtemps.»