Coulisses Malgré une sérénité de façade bien affichée, les relations CAF-Cocan (comité d?organisation) ont connu quelques grincements de dents durant la dernière CAN en Tunisie. Il y a dix ans, en 1994, la Confédération africaine de football (CAF) confiait à la Tunisie, pour la seconde fois après 1965, la responsabilité d?organiser la phase finale de la Coupe d?Afrique des nations (CAN). A l?époque, la ferveur populaire n?était pratiquement pas au rendez-vous du fait de l?élimination, dès le premier tour, du pays hôte. A l?époque également, les médias ne se bousculaient pas autant sur l?événement majeur du continent comme ils le font aujourd?hui. Fort de l?expérience acquise en 1994, puis rodée lors des Jeux méditerranéens de 2001, le Cocan a mobilisé presque la même équipe pour 2004. L?arrivée du président Hayatou et de sa smala de la CAF ainsi que les officiels et les invités qui les accompagnaient à la veille du congrès de la confédération a mis en bran le le Cocan qui s?est divisé en six (sites retenus) pour satisfaire tout le monde, d?autant que la Tunisie joue sa carte pour l?organisation du Mondial 2010. Mais le Cocan s?est vite aperçu que plusieurs membres de l?auguste CAF roulaient plutôt pour la candidature de l?Afrique du Sud, ce qui a provoqué quelques querelles en sourdine. Témoignant sous le couvert de l?anonymat, certains membres du Cocan ont pointé un doigt accusateur vers les hommes de Hayatou qui essayaient de discréditer l?organisation tunisienne. On s?en est aperçu d?ailleurs au moment de délivrer les accréditions pour les représentants des médias. Une véritable pagaille a régné aux hôtels Mechtel de Tunis et au Golden Tulip de Gammarth où étaient basés les centres de presse, le quartier général du Cocan. Les passe-droits et les deux poids deux mesures ont caractérisé l?opération d?attribution des accréditions. L?un de nos confrères a mis dix jours pour obtenir la sienne après que Suleimanu Habuba, directeur de la communication au sein de la CAF, lui eut fait faire 560 km (deux fois aller-retour Tunis-Sousse) pour rien ! C?est finalement le Cocan qui lui a permis d?obtenir le fameux sésame, alors que M. Habuba privilégiait ses «amis» et les journalistes poids lourds venus d?Europe notamment. La suite n?a pas été plus rose lors de la couverture des rencontres et l?accès aux zones mixtes est devenu un véritable parcours du combattant. L?ambiance était surchauffée à chaque attribution des macarons d?accès à la tribune de presse, plus précisément lorsqu?il s?agissait de la délégation algérienne trop importante aux yeux des organisateurs. Lors des conférences de presse de fin de match, des débordements ont été constatés systématiquement dans tous les sites. Sur ce plan-là, il y a eu des ratages. Mais la tache noire de cette CAN 2004 restera inéluctablement ce qui s?est passé à Sfax lors du match Maroc-Algérie. Là, la CAF, dont les responsables se pavanaient dans les salons feutrés des chics hôtels tunisiens, porte une grosse responsabilité dans cette regrettable affaire pour avoir refusé la demande du Cocan de délocaliser la rencontre en faisant passer le «dogme» avant l?intérêt du football ? elle est en obligation de servir ? et celui, surtout, de la sécurité des supporters. La Confédération africaine devra donc revoir sa copie et se pencher sérieusement sur tout ce qui n?a pas marché dans cette CAN, si elle veut éviter les flops au niveau organisationnel et des incidents comme ceux de Sfax.