Rôle n La presse indépendante est sans doute l'un des principaux acteurs de la société civile de par sa mission d'interpeller les pouvoirs publics sur certaines questions liées à l'amélioration du cadre de vie de la population. Toutefois, ce rôle de la presse indépendante que nul ne peut contester, également, dans la promotion de la bonne gouvernance, connaît une régression fulgurante ces dernières années. Nombreux sont les observateurs qui confirment cette situation. Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, M. Mustapha Bouchachi, l'a souligné plusieurs fois dans ses déclarations à la presse. Pour lui, la régression est d'abord perceptible sur le plan de la législation. «Le code pénal, amendé en 2001, et le maintien de l'état d'urgence, constituent des obstacles sérieux pour la liberté de la presse», a-t-il expliqué, soulignant que les journalistes algériens éprouvent de plus en plus de difficultés à travailler sous la menace de ce genre de textes et de pressions. Ainsi, à ses yeux, le régime utilise toutes sortes de moyens de pression économiques et financiers pour influer sur les lignes éditoriales. Les intérêts financiers, les puissances de l'argent sont aussi présentes. Toutefois, ce militant des droits de l'homme reconnaît que par rapport à d'autres pays de la région, «il y a de quoi être fier de notre presse». «Elle a fait du chemin comparativement aux autres acteurs de la société civile. Pour nous, militants des droits de l'homme, son existence est positive», a-t-il estimé. M. Bouchachi a fait observer que malgré les pressions, le fait que la justice ne soit toujours pas indépendante, la presse contribue au processus de démocratisation de notre société. «Cette presse se trouve dans une position beaucoup plus favorable par rapport à la société civile et par rapport à l'opposition politique», a-t-il reconnu. Pis encore, face à la démission de l'opposition, de la classe et des personnalités politiques la presse indépendante prétend jouer un rôle d'opposant. «Pour moi, il s'agit d'une réalité positive. Nous l'avons constaté lors du dernier scrutin, alors que la classe politique désertait la scène de l'opposition, la presse avait pris le relais», a-t-il expliqué. Et d'ajouter : «La seule voie de recours devant le refus d'agrément pour la création de nouveaux partis politiques, syndicats autonomes, à des ONG des droits de l'homme par l'autorité publique qui refuse également d'autoriser la moindre activité publique, reste la presse». Néanmoins, bien que la presse soit arborée par le pouvoir comme une preuve de pseudo-«démocratisation» en cours en Algérie, comparativement à la Tunisie ou à l'Egypte, notre presse est plus critique vis-à-vis du régime et de ses symboles.