La CAN-2010 en Angola se terminera comme elle a débuté : avec un attentat contre l'équipe nationale du Togo. Si pour le premier, ce sont les guérilléros du Front de Libération de l'Etat de Cabinda (Flec) qui en étaient les auteurs avec comme conséquence les décès de deux membres de la délégation des Eperviers, lors de leur passage de la frontière entre le Congo et l'Angola, dans la province de Cabinda ; pour le second, c'est la CAF d'Issa Hayatou qui s'en est occupée. En effet, le comité exécutif de la Confédération africaine de football, réuni hier à Luanda, n'a pas trouvé mieux que de suspendre le Togo, qui s'était retiré de la CAN-2010 après la malheureuse fusillade de Cabinda, pour les deux prochaines coupes d'Afrique des nations. La CAF justifie sa décision en précisant qu'il s'agit d'une sanction réglementaire car le retrait en question a été décidé par le gouvernement togolais, ce qui est considéré comme une interférence inacceptable par l'autre gouvernement, celui d'Issa Hayatou. Il est vrai que la délégation togolaise avait tergiversé, car partagée entre l'envie d'honorer son contrat et choquée par l'ampleur des dégâts, pour prendre une décision, mais la mort d'homme n'est-elle pas au-dessus de toute autre considération ? La CAF ne l'a pas entendu de cette oreille et frappe durement, faisant même référence à un antécédent qui a eu lieu en 1996 lorsque les autorités politiques nigérianes avaient décidé de retirer leur sélection du rendez-vous sud-africain, en conformité à l'article de ses règlements. Sauf que la raison entre les deux cas n'est pas la même et qu'Issa Hayatou, lors de son déplacement à Cabinda pour rassurer les coéquipiers d'Adebayor, avait laissé la porte ouverte à ces derniers de rester ou de rentrer à la maison. Devant des événements exceptionnels, des décisions exceptionnelles, peu importe la partie qui les prend. Aujourd'hui, le Togo a la latitude de faire appel auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) pour recouvrer ses droits, mais l'injustice est faite et la CAF endossera ce énième flop qui vient s'ajouter à tant d'autres. D'ailleurs, l'édition angolaise restera entachée de plusieurs ratages qu'on peut aisément énumérer. Outre l'affaire du bus togolais, la mauvaise qualité de certaines pelouses a influé négativement sur la qualité du jeu et engendré des blessures puisque plusieurs joueurs ont lâché (Yobo, Essien, Muntary, Appiah, Sissokho, Bezzaz …). Des horaires de matchs impensables, notamment celui de cet Algérie - Malawi qui a eu lieu à 14h 45 sous une chaleur et une humidité insupportables. Et même à 17h, la chaleur met les organismes au supplice. Que dire du règlement ridicule au niveau des groupes pour le passage au second tour ou bien de l'arbitrage de certains referees, à l'image du scandaleux Koffi Codjia, ou bien des calculs entre Angolais et Algériens pour se qualifier sur le dos du Mali. Sans oublier le niveau général de la compétition qui ne s'est envolé que lors de rares matchs, les déplacements incessants pour certaines équipes et pas pour d'autres et souvent dans des conditions lamentables pour la presse. Avant donc de s'attaquer au Togo, la CAF ferait mieux de balayer devant sa porte et en son sein car il y a trop de choses à dire.