Rush n Le malheur des uns fait le bonheur des autres. L'instabilité observée depuis quelques mois dans les services de santé publique profite aux cliniques privées, les malades n'ayant plus le choix. Difficile d'avoir un rendez-vous dans une clinique privée. Même avec son argent, le pauvre citoyen se trouve contraint d'attendre car les quelques cliniques en activité n'arrivent pas à répondre à une demande sans cesse croissante. «Jamais nous n'avons enregistré un afflux aussi important de malades que durant ces derniers mois. Alors, nous leur demandons tout simplement d'attendre. Nous avons renforcé notre personnel avec des médecins spécialistes, des chirurgiens et des paramédicaux pour faire face à cette situation. Nous essayons de classer les malades par degré d'urgence», nous explique un employé d'une clinique privée à Dély Ibrahim. La plupart des malades ont déjà pris des rendez-vous dans des hôpitaux publics, mais on leur demande de patienter encore en raison des grèves cycliques observées par les médecins et paramédicaux. «Mon père devait être opéré d'une hernie discale, en novembre dernier, à l'hôpital Mustapha-Pacha. Mais, on lui a donné un autre rendez-vous pour le mois de mars prochain. Et comme son cas s'aggrave, je me suis dirigé vers cette clinique. Il sera enfin opéré dans quelques jours», témoigne un jeune rencontré à la sortie de la clinique, ajoutant : «L'intervention sera coûteuse, mais la santé n'a pas de prix. J'ai emprunté de l'argent auprès d'amis pour faire face à cette situation». Des milliers de citoyens recourent au système D pour avoir la somme nécessaire pour les soins. Une simple radio coûte pas moins de 1 500 DA… et on imagine facilement le coût d'une visite médicale spécialisée ou d'une intervention chirurgicale. Il est certain que les propriétaires des cliniques privées ne s'attendaient guère à une telle affluence, une aubaine ! La souffrance des malades habitant à l'intérieur du pays est plus grande encore. Ils parcourent de longues distances pour trouver des cliniques privées et ensuite revenir quelques jours après avoir pris rendez-vous. «Wallah c'est la misère. Nous sommes venus de la commune d'El-M'ghir ( M'sila). Le transport nous coûte 3 000 DA, les frais de la consultation 2 000 DA, les analyses plus de 4 000 DA…. et l'intervention dépassera les 80 000 DA. Je suis obligé de vendre une vache pour soigner ma femme souffrant de calculs», témoigne Aïssa, la quarantaine, rencontré dans une clinique privée à Kouba. Si ce citoyen a trouvé le moyen de payer les soins de son épouse, ce n'est certainement pas le cas pour l'ensemble des Algériens. Beaucoup prennent leur mal en patience et attendent la fin de cette instabilité qui ronge le secteur de la santé. Une attente qui semble s'éterniser à l'image de cette réforme qui n'est pas encore menée à terme. Une réforme est-elle synonyme de calvaire ?!