Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La prise en charge des malades dans les différentes structures de santé réparties à travers la wilaya de Constantine répond différemment aux attentes des citoyens. Il est évident que le plus grand rush est enregistré par le centre hospitalier Ben Badis qui accueille la quasi-totalité des circonscriptions limitrophes. Une asphyxie qui laisse parfois perplexe le corps médical, ce qui n'est pas sans conséquence sur les urgences. Le CHU de Constantine devient, au fil des jours, non seulement une structure d'hospitalisation, mais un vrai SAMU. L'absence de diverses spécialités dans les wilayas de l'Est fait que ce pôle reste exploité de manière optimum. Une surcharge altérant la prise en charge effective du malade qui se trouve ballotté d'un service à un autre pour une simple consultation ou examen médical. A ce sujet, il importe de mettre en exergue la défaillance dans la communication et l'orientation des patients. Lorsque l'on franchit le portail de la structure, c'est l'indélicatesse des agents qui «met en boule» les citoyens. Les passe-droits éreintent le modeste et humble citoyen attaché à son civisme. Le CHU se transforme en un grand parking où règne l'anarchie. Des ambulances se frayent difficilement un chemin pour acheminer des civières. Que de fois cette défaillance a été décriée. L'organisation bat de l'aile et la conscience professionnelle cède devant les tiraillements à caractère syndical… au point de constater une démission lorsqu'il s'agit de se soucier de la santé de l'individu. Et l'on passe sur l'hygiène dans les services et les détritus amoncelés à chaque coin. «Le CHU a besoin d'être réanimé…», laisse entendre un élu local. Cette appréciation reste toujours de mise et quelques parties de l'enceinte se dégradent avec un laisser-aller qui ne dit pas son nom. «Le lobbying gêne considérablement l'amélioration des prestations au sein de l'hôpital de Constantine», estime un cadre local. En matière de soins, bien que le CHU soit réputé pour la compétence des professeurs et autres médecins spécialistes de renommée qui y exercent, il arrive que le malade n'a pas toutes les chances d'être ausculté par tel ou tel autre médecin «émérite». Il doit effectuer un long parcours du combattant pour espérer décrocher un rendez-vous. Et s'il n'y arrive pas et qu'il s'agisse d'une maladie «méchante», il sera obligé de se rabattre sur le privé où il payera rubis sur l'ongle des soins qu'il aurait pu avoir à l'hôpital à moindres frais. Le drame, c'est que souvent le malade retrouve dans la clinique privé le spécialiste qu'il n'a pu voir à l'hôpital. Un exemple : les explorations radiologiques sont presque toutes «récupérées» par les cliniques privées, qui se frottent les mains à chaque fois que le scanner, l'échographe ou l'ERM de l'hôpital central tombent en panne. Si les malades que l'on a abordés déplorent la qualité de la prise en charge, il n'en demeure pas moins que des médecins revendiquent quelques changements, voire des innovations pour mettre le CHU au diapason de la nouvelle stratégie de santé publique préconisée par la tutelle. L'administration devrait changer son fusil d'épaule pour faire converger toutes les compétences vers un seul but, celui de la meilleure prise en charge du citoyen. Vers la création de soins d'urgence : les établissements de proximité de la santé publique La nouvelle carte sanitaire mise en place a permis aux malades de reprendre leur souffle, du moins lorsque les structures implantées dans chaque secteur urbain et chaque commune parviennent à déceler la maladie. Dotées de médecins généralistes et de chirurgiens-dentistes, les établissements de proximité de la santé publique (EPSP) veillent à la santé du citoyen, notamment par la disponibilité en continu. «Chaque structure est dotée de sa propre radiologie et son propre laboratoire d'analyses», affirme le docteur Arab, directeur de la région nord où se trouvent ces structures, ajoutant que, pour une meilleure prise en charge des citoyens, des conventions sont paraphées avec l'EPH El Bir et le CHU Ben Badis. Cela dit, le recours à ces sollicitations permet de couvrir un large spectre de spécialité, notamment en neurochirurgie ou en endocrinologie. Le spécialiste qui effectue des rondes périodiques dans la polyclinique auquel il est rattaché assure le suivi à ses patients. Mieux, notre interlocuteur certifie que l'échographie a fait son entrée dans ce genre de structures. Les EPSP situés aux cités des Mûriers, Boumerzoug et Sissaoui, à titre d'exemple, ont bénéficié, chacun en ce qui le concerne, d'un échographe, qui, jusque-là n'était disponible qu'au CHU et chez le privé. C'est dire si la nouvelle carte sanitaire et la politique de soins prend forme à la faveur de tous ces changements opérés à la base. Autrement dit, près des lieux de résidence de la population. Toutefois, notre interlocuteur ne nie pas les pannes qui affectent parfois les services de radiologie : «Quand cela se produit, les patients sont automatiquement orientés vers d'autres établissements publics», a-t-il soutenu. En revanche, il soutiendra que les EPSP gagnent du terrain en matière de moyens qui leur sont fournis, disant que «si l'on excepte le scanner et autres équipements d'examens biologiques se trouvant au CHU, on peut dire que les établissements de proximité garantissent tout autant la prise en charge des patients». Par ailleurs, on apprend que des «soins d'urgence» naîtront incessamment dans ces unités, de façon à épargner aux malades le déplacement vers l'hôpital central. En parallèle, il faut savoir que la direction de la santé de Constantine a lancé une opération de réhabilitation dans les anciennes structures (Emir Abdelkader). Quant au centre de stomatologie d'El Kantara, affecté à la médecine scolaire, il bénéficiera prochainement de 15 fauteuils dentaires. «Cette structure procédera à résorber un nombre important d'élèves scolarisés concernés par des problèmes bucco-dentaires», explique le directeur. Malgré tous les moyens déployés par l'Etat, il reste que l'habitant se heurte à une bureaucratie latente et à des «mentalités de service» qu'il faudra impérativement éradiquer. La mauvaise régulation dans les structures hospitalières, notamment au CHU Ben Badis, permet aux maladies de se propager et de s'aggraver. Tandis que les cliniques privées «se sucrent» et s'enrichissent, en exploitant le laisser-aller de l'administration et en capitalisant les potentialités qu'elle n'a pas su ou n'a pas voulu exploiter. Et les malades dans tout ça ? Ce sont les otages dont la prise en charge est monnayée…