Le ministre de la Santé a donné un coup de pied dans la fourmilière, récemment, à partir de Tizi Ouzou, en qualifiant d'«abusif et non justifié» le transfert des malades vers les cliniques privées. Selon lui, mais aussi selon les concernés, si ce recours s'impose dans certains cas, il s'avère motivé, dans d'autres, par le seul souci du gain. Avec les mutations socio-économiques de ces dix dernières années et l'explosion démographique, le secteur public, qui, depuis l?indépendance, a assuré des soins gratuits à des millions d?Algériens, s?est avéré inefficace, voire incompétent pour une prise en charge sérieuse des patients. Les malades se tournent alors vers le secteur privé dont les cabinets médicaux sont sollicités en force. Plusieurs cliniques privées ont ainsi fait leur apparition durant la dernière décennie. Mais le luxe est toujours chèrement payé et tout le monde ne peut se permettre des soins dans ce genre d?établissements. Cependant, la santé étant le bien le plus précieux, l?argent ne compte pas. «Pour une famille pauvre, ce sont tous les membres qui cotisent pour payer les frais d?hospitalisation dans une clinique privée», explique un médecin d?une clinique privée située à l?ouest d?Alger. Cependant le transfert des malades vers ces cliniques privées se fait parfois, selon les patients, de manière abusive, douteuse et «malhonnête». Des praticiens, travaillant à la fois dans les hôpitaux et dans des cliniques privées, sont souvent derrière cette «machination». C?est certainement ce qui a poussé le ministre de la Santé à piquer une colère noire quand il a constaté que ce transfert abusif des malades vers les cliniques privées ne se justifiait pas dans tous les cas et dans tous les hôpitaux. C?est une réalité que le manque de moyens techniques (scanner, échographe, spécialistes, etc.,) peut être la raison principale de ce transfert, mais ce n'est pas toujours le cas et le malade se retrouve, parfois, plutôt victime de la cupidité des uns et des autres.