Plusieurs zones sahariennes disséminées aux confins des communes de Benoud, Brezina, Labiod-Sidi-Cheikh et Tismouline demeurent encore jalonnées de kheïmas dressées tantôt en campements tantôt en petits groupes isolés pour des durées déterminées. Pour El-Hadj Taïfour, un nomade éleveur, la préservation de ce mode de vie est «une conviction d'enfance» et l'élevage «un métier ancestral et une source vivrière». Joignant la simplicité du mode de vie à la patience et à la sobriété du caractère, ces nomades ne dérogent pas à la règle pour prouver leur amour pour la terre en dépit des multiples contraintes rencontrées. L'instabilité, les contraintes écologiques, la quête perpétuelle de pâturages et de points d'eau, autant de facteurs, qui bien que contrariants, n'altèrent en rien le courage de cette population forgée, au fil du temps, à braver la rudesse de la nature. Une nature rude et capricieuse, notamment en période hivernale où le baromètre affiche de très basses températures, ou en été avec les siroccos ravageurs et annonciateurs de périodes de sécheresse, contraignant, dans les deux cas, les nomades à fuir les régions du Sud. Le travail, la rigueur et la patience, bâtis le compter-sur-soi, sont des facteurs primordiaux pour surmonter les contraintes de la vie nomade, estime El-Hadj Taïfour qui confie que le poids des tâches à accomplir pour perpétuer ce mode de vie repose sur deux piliers : «La femme et le mât de la tente.» L'omniprésence de la «reine de la tente», un terme qu'utilise El-Hadj Taïfour pour désigner son épouse, est perceptible à travers maints objets dressés ou vêtus, à l'image des effets vestimentaires, dont la kachabia et le burnous réalisés grâce à la dextérité de la femme sur son mensedj (métier à tisser). La tente, cet abri transportable, imperméable et résistant aux aléas climatiques, est aussi une œuvre bien féminine, témoignant d'un génie de conception, tissée à base de fibres de laine et de poils. Une œuvre dont elle assure également l'entretien, la rénovation et la restauration. Selon des femmes de la région enclavée de Brezina, la large tente, signe d'hospitalité bédouine légendaire, abrite un mobilier, sobre et indispensable, dont la légèreté répond à un souci de fréquents déplacements. Il consiste en une literie traditionnelle, tapis, nattes, couvertures, coussins, et ustensiles de cuisine, en premier lieu un service à thé, un mortier ainsi que des outres à eau et à lait. Cette authenticité encore préservée par la population nomade se manifeste également à travers l'art culinaire basé essentiellement sur le lait et autres produits dérivés, le couscous et le Berkoukess (petits plombs faits maison), un mets servi assaisonné d'extraits de plantes aromatiques et médicinales «utiles au renforcement de l'immunité du corps».