Offensive n 48 militaires, dont les ex-chefs de l'aviation et de la marine, ont été arrêtés, hier, lundi, dans le cadre de complots présumés visant à renverser le gouvernement. Jamais dans l'histoire de la Turquie, on n'avait assisté à une vague d'arrestations d'une telle ampleur dans les milieux militaires. Ce coup de filet historique dirigé contre l'armée, considérée comme l'épine dorsale du régime laïque, a accru les tensions entre partisans du gouvernement et l'opposition pro-laïque. Pas moins de 18 généraux à la retraite et 4 amiraux actuellement en service, figurent parmi les militaires interpellés à Ankara, Istanbul et Izmir (ouest), selon les chaînes de télévision. «Le chef d'état-major, le général Ilker Basbug, a reporté un déplacement en Egypte», a indiqué l'agence de presse Anatolie. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, en visite en Espagne, a annoncé que «plus de 40 personnes ont été interpellées», refusant de commenter une affaire devant la justice. L'ex-chef de l'armée de l'air, le général Ibrahim Firtina, et l'amiral Özden Örnek, ex-commandant de la marine, figurent parmi les personnalités arrêtées. Ceux-ci ont été conduits à Istanbul où ils ont été interrogées par la police avec les autres suspects interpellés. Ils devaient ensuite être entendus par des procureurs qui pourraient les déférer devant un tribunal, selon les chaînes d'information NTV et CNN-Türk. Ces arrestations s'inscrivent dans le cadre de l'enquête pour déjouer un plan dénommé Balyoz (marteau de forge), révélé en janvier par un journal libéral, qui aurait eu pour objectif d'organiser une série d'attentats à la bombe contre des mosquées et des musées, afin d'inciter les Turcs à descendre dans la rue pour manifester violemment. Ces activités de déstabilisation visant le gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste au pouvoir depuis 2002, auraient été planifiées en 2003. L'instigateur supposé de ce plan, l'ex-général quatre étoiles, Cetin Dogan, qui avait nié toute implication, figure parmi les personnes arrêtées. L'armée turque avait rejeté toute accusation de complot après ces révélations, dénonçant une campagne de dénigrement. Plusieurs complots présumés contre le gouvernement ont été mis au jour, provoquant une succession de procédures judiciaires qui ont attisé les tensions entre les partisans du gouvernement, accusé d'avoir un plan caché d'islamisation du pays, et ses opposants. «On tente, par ces arrestations, de semer la peur en Turquie», a indiqué le Parti républicain du peuple (CHP, centre-gauche) au Parlement, dans un communiqué. MM. Firtina et Örnek avaient été entendus en tant que suspects en décembre à Istanbul par les procureurs qui instruisent différentes enquêtes pour complot sous la bannière de l'affaire Ergenekon, un réseau qui aurait cherché à provoquer un putsch militaire.