Recep Tayyip Erdogan a reçu, hier dans son bureau à Ankara, le chef d'état-major des armées, Ilker Basbug. L'entretien a duré deux heures, mais rien n'a filtré sur sa teneur. Une quinzaine de militaires servant dans les rangs de l'armée turque, soupçonnés d'avoir comploté pour faire chuter le gouvernement islamo-conservateur en 2003, étaient interrogés hier par des procureurs d'Istanbul, ont rapporté les médias. Ces personnes font partie des 18 militaires, dont un à la retraite, arrêtés vendredi par la police dans le cadre d'une deuxième vague d'interpellations dans tout le territoire turc dirigée contre l'élite militaire. Les procureurs peuvent décider de les relâcher où de les déférer devant une cour de la métropole, selon les chaînes de télévision. Alors que la justice continuait d'enquêter sur ce complot présumé, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan a reçu, dimanche dans son bureau à Ankara, le chef d'état-major des armées, Ilker Basbug. L'entretien a duré deux heures, mais rien n'a filtré sur sa teneur. La Turquie traverse une crise de pouvoir entre le gouvernement et l'armée en raison d'une offensive judiciaire inédite visant à élucider la conspiration datant de sept ans qui a mené à près de 70 arrestations dans les milieux militaires. Trente-trois officiers supérieurs ont été inculpés et écroués. Ce complot présumé, mis au jour en janvier par un journal, visait à préparer le terrain à un putsch par des actions violentes pour démontrer que le gouvernement de l'AKP (Parti de la justice et du développement, issu de la mouvance islamiste) était incapable d'assurer la sécurité du pays. Si pour de nombre d'intellectuels, ces arrestations signifient un progrès pour la démocratisation du pays, pour l'opposition il s'agit d'un acharnement judiciaire visant à affaiblir les défenseurs de la laïcité. En Turquie, l'armée qui a renversé ou provoqué la chute de quatre gouvernements en cinquante ans, se considère comme la garante des principes laïques. Le risque d'une crise majeure a conduit le président Abdullah Gül à organiser une réunion jeudi entre le général Basbug et M.Erdogan. Et le pouvoir politique a opté pour un cadre constitutionnel pour régler ces différends, selon un communiqué publié à l'issue de cette réunion. Environ 2000 personnes, toutes tendances politiques confondues, ont manifesté hier sur la grande avenue piétonne Istiklal de la rive européenne d'Istanbul pour dénoncer les coups d'Etat en Turquie.