Résumé de la 1re partie Souhila, qui pensait que les trois visiteuses venaient demander sa main, sera déçue. Sa mère aussi. L?air méprisant des trois s?urs qui se mettent de nouveau à jeter de longs regards autour d?elles les sourcils froncés, fait blêmir Souhila. ? Nous sommes des «ouliyet», ma fille et moi. Seules au monde ! Si son père était en vie ou si elle avait des frères, elle n?en serait jamais arrivée là. El hogra est dure à supporter... Ma fille a été trompée par Abderrahmane qui lui avait promis le mariage et a profité de sa naïveté... ? Naïveté ? Naïveté dis-tu ? Dis plutôt que c?est de la perversité ! Ta fille, tu l?as mal élevée, sinon comment expliquer ce qu?elle a fait ? répond la benjamine, une femme au visage harmonieux et au teint très clair, restée silencieuse jusque-là. Les traits de Houria se renfrognent sous l?insulte et elle lâche : ? Si votre fils ne régularise pas la situation au plus vite, nous allons déposer plainte. Avec les analyses il sera confondu ! Mais les commères ne lâchent pas prise. ?Il faudrait faire des analyses à tous les hommes de la souika ! dit Salima en se rapprochant de sa voisine, l?air menaçant. Souhila reste silencieuse un moment puis elle se lève et les trois femmes en font autant. Elles réajustent leurs voiles noirs autour de leurs rondeurs généreuses et font mine de sortir. Souhila les accompagne sans un mot et l?aînée, avant de franchir la porte, a une dernière question : ? Elle est enceinte de combien ? ? Cinq mois, murmure Souhila dans un souffle, avant d?ajouter d?un air suppliant : «Craignez Dieu, mes s?urs, ??s?trouha?? Dieu vous le rendra ! C?est une orpheline sans défense.» Les femmes ne répondent pas et redescendent l?escalier l?une derrière l?autre, dans un mouvement de leurs voiles noirs. Houria retourne dans la pièce et se jette sur le matelas, secouée de violents sanglots. Souhila s?installe sur le matelas en face et dit : ? Je vais voir Abderrahmane et lui dire que je vais déposer plainte. Il est sous l?influence de ses s?urs, sinon il aurait fait son devoir. Sa mère ne répond pas. Elle serre les pans de sa vieille gandoura autour de ses jambes maigres et continue de pleurer, désespérément. Sa fille ne dit plus rien et la regarde sans la voir, l?esprit tourmenté par toutes les questions qu?elle se pose depuis des mois et qui semblent n?avoir pas de réponse. (à suivre...)