Honte Et les quatre femmes, presque simultanément, se tournent vers la jeune fille qui rougit violemment. Quand, en se penchant sur la balustrade, elle aperçoit les trois femmes montant lentement l?escalier en colimaçon, Souhila a un coup au c?ur. A pas rapides, elle se précipite chez elle et referme la porte de bois. Mais elle n?a pas le temps de finir son geste que déjà la première des trois s?urs se met à frapper le battant de son poing fermé. ? Ouvrez ya moualine eddar ! Souhila recule et laisse sa mère recevoir les visiteuses. ? Entrez ! Entrez ! Soyez les bienvenues ! Les trois femmes semblent emplir la petite pièce où vivent Souhila et sa mère. Après avoir jeté un coup d??il critique alentour, elles se laissent tomber sur les deux matelas posés l?un près de l?autre contre les murs. Pendant un moment, les femmes se regardent sans rien dire puis, Houria, la mère de la jeune fille, se ressaisit. Après avoir jeté un coup d??il à sa fille, elle prend place près de l?aînée des s?urs «bnet Bouziane» et dit précipitamment : ? Votre visite m?honore, mes s?urs, soyez les bienvenues ! Dans son coin, Souhila, comme pétrifiée, reste debout à fixer les nouvelles venues et ne songe même pas à enfiler une gandoura assez ample pour cacher sa grossesse. ? Nous sommes venues pour? dit l?une. ? Pour ce qui est arrivé à notre frère ! ? Comment ? dit Houria, votre frère ? Ou bien ma fille ? Vous voulez dire que vous êtes là pour essayer de réparer le mal qui est fait? par votre frère ! Et les quatre femmes, presque simultanément, se tournent vers la jeune fille qui rougit violemment et baisse la tête. ? Ce n?est pas notre frère, vous n?allez quand même pas l?accuser à tort. C?est ta fille qui roule avec tous les garçons du quartier. Salima, la cadette des trois matrones, un voile blanc sur le front, la m?laya ouverte découvrant un large collier d?or sur sa grosse poitrine, commence à élever la voix. Très vite, Houria se lève et court refermer les battants de la porte basse restés ouverts et va jeter un bref coup d??il par la petite fenêtre. Elle a un geste apaisant quand elle revient s?asseoir. ? S?il vous plaît, mes s?urs, parlez doucement, les voisins vont apprendre ce qui se passe et? ? Oh ! s?exclame Salima avec un large geste de son bras dénudé. ? Ce ne sont pas seulement les voisins qui sont au courant, mais tout le quartier, toute la souika ne parle que de ta fille. Souhila cache son visage entre ses mains dans un sanglot étouffé. Sa mère prend un moment pour se ressaisir et réplique d?une voix blanche. ? Ce n?est pas vrai? Souhila n?est pas sortie de cette pièce depuis plus de deux mois. Même les voisines ne la voient que très rarement. ? En tout cas, le bruit a couru jusqu?au quartier que j?habite, et le nom de mon frère Abderrahmane est mêlé à celui de ta fille? C?est pour cela que nous sommes ici ! ? Nous en avons assez de ces accusations ! ? Nous avons parlé à notre frère, et il nie catégoriquement. Il ne la connaît même pas ! renchérit l?aînée? D?ailleurs, il ne fréquente pas les gens de votre espèce. (à suivre...)