«Les agences sismologiques locales ne sont pas les mieux placées pour évaluer des séismes importants. Elles donnent en général des chiffres fiables pour des séismes de magnitude inférieure à 5, relève-t-il, mais ont, en revanche, tendance à sous-évaluer les séismes importants en raison de problèmes de saturation», a déclaré, hier, mardi, Michel Cara, le directeur de l'Ecole et Observatoire des sciences de la Terre (Eost) de Strasbourg. «En termes de magnitude, l'écart peut atteindre 0,5, voire 1, ce qui est énorme», reconnaît le scientifique qui cite l'exemple du séisme de Boumerdès, qui a fait plus de 2 100 morts et près de 9 000 blessés le 21 mai 2003. Evaluée dans un premier temps à 6 par l'Eost, la magnitude de ce séisme ? c'est-à-dire l'énergie émise à l'épicentre, calculée à partir du signal enregistré sur un sismographe ? avait, par la suite, été établie à 5,2 par le Centre algérien de recherche en astronomie et astrophysique, avant d'être revue à la hausse, à respectivement 6,6 et 6,7 par deux observatoires, l'un européen, l'autre américain. Selon M. Cara, le phénomène n'est guère surprenant. Pour éviter ce problème, les sismologues ont, depuis les années 1950, mis au point de nouvelles échelles de magnitude, tenant compte de la durée du signal lu par le sismographe (Md), mais également de la localisation ou de la profondeur de la secousse (Ml, Ms ou Mb) ou la nature des ondes (Ms ou Msz). Un séisme de magnitude 6 est ainsi dix fois plus fort qu'un séisme de magnitude 5 et cent fois plus fort qu'un séisme de magnitude 4.