Résumé de la 1re partie n Le père, dont le fils ne connaît pas la peur, en parle au bedeau qui lui dit se charger de faire éprouver au jeune homme ce sentiment... L'apparition dégringola d'une dizaine de marches et resta là allongée. Le garçon fit sonner les cloches, rentra à la maison, se coucha sans souffler mot et s'endormit. La femme du bedeau attendit longtemps son mari. Mais il ne revenait pas. Finalement, elle prit peur, réveilla le jeune homme et lui demanda : «Sais-tu où est resté mon mari ? Il est monté avant toi au clocher.» — «Non, répondit-il, je ne sais pas. Mais il y avait quelqu'un dans l'escalier et comme cette personne ne répondait pas à mes questions et ne voulait pas s'en aller, je l'ai prise pour un coquin et l'ai jetée au bas du clocher. Allez-y, vous verrez bien si c'était votre mari. Je le regretterais.» La femme s'en fut en courant et découvrit son mari gémissant dans un coin, une jambe cassée. Elle le ramena à la maison, puis se rendit en poussant de grands cris chez le père du jeune homme : «Votre garçon a fait des malheurs, lui dit-elle, il a jeté mon mari au bas de l'escalier, où il s'est cassé une jambe. Débarrassez notre maison de ce vaurien !» Le père était bien inquiet. Il alla chercher son fils et lui dit : «Quelles sont ces façons, mécréant ! C'est le diable qui te les inspire !» — «Écoutez-moi, père, répondit-il, je suis totalement innocent. Il se tenait là, dans la nuit, comme quelqu'un qui médite un mauvais coup. Je ne savais pas qui c'était et, par trois fois, je lui ai demandé de répondre ou de partir. — Ah !, dit le père, tu ne me feras que des misères. Disparais ! — Volontiers, père. Attendez seulement qu'il fasse jour. Je voyagerai pour apprendre à frissonner. Comme ça, je saurai au moins faire quelque chose pour gagner mon pain. — Apprends ce que tu veux, dit le père, ça m'est égal ! Voici cinquante talents, va par le monde et surtout ne dis à personne d'où tu viens et qui est ton père. — Qu'il en soit fait selon votre volonté, père. Si c'est là tout ce que vous exigez, je m'y tiendrai sans peine.» Quand vint le jour, le jeune homme empocha les cinquante talents et prit la route en se disant : «Si seulement j'avais peur ! si seulement je frissonnais !» Arrive un homme qui entend les paroles que le garçon se disait à lui-même. Un peu plus loin, à un endroit d'où l'on apercevait des gibets, il lui dit : «Tu vois cet arbre? Il y en a sept qui s'y sont mariés avec la fille du cordier et qui maintenant prennent des leçons de vol. Assieds-toi là et attends que tombe la nuit. Tu sauras ce que c'est que frissonner.» — Si c'est aussi facile que ça, répondit le garçon, c'est comme si c'était déjà fait. Si j'apprends si vite à frissonner, je te donnerai mes cinquante talents. Tu n'as qu'à revenir ici demain matin.» (à suivre...)