Scène n Une représentation de la pièce Duetto a été donnée, hier, au Théâtre national algérien et ce, à l'initiative de l'Institut culturel italien. C'est l'histoire d'une rencontre entre un metteur en scène – le rôle est joué par Marcello Scuderi – et une comédienne – le personnage est incarné par Vittoria Scognamiglio – qui vient faire une audition. Tout se passe dans un théâtre. Les deux personnes se rencontrent. D'abord une rencontre professionnelle, puis, au cours de l'audition et au fil de l'échange, elles finissent par se rapprocher et se connaître. Leur relation revêt peu à peu une intimité implicite. Ces deux personnes s'attirent mutuellement – et finissent par s'aimer –, mais sans le déclarer ouvertement ou le faire sentir manifestement l'un à l'autre : tout se fait dans le geste, les propos. Il se trouve également que «les dynamiques entre homme et femme semblent se superposer à celles de la pièce, créant un affrontement des comédiens vif et captivant». Si le metteur en scène et la comédienne se refusent au départ le sentiment que l'un a pour l'autre, c'est que chacun a une idée préétablie sur l'autre : la femme ne croit plus en l'homme, et celui-ci, misogyne, voit en cette dernière une menteuse et une tricheuse, préférant ainsi garder son indépendance. Mais il se trouve que lorsque la comédienne commence à interpréter la pièce (du théâtre classique datant du XVIIIe siècle) et que le metteur en scène lui donne la réplique, l'alchimie s'opère. L'intérêt l'un pour l'autre commence à se faire sentir. Et les idées préconçues sur l'homme comme sur la femme s'estompent. Chacun finit par corriger sa vision réductrice dirigée vers son opposé. Un amour partagé est né. Duetto, une pièce inspirée de La locandiera (la Belle aubergiste) de Carlo Goldoni, un des plus célèbres auteurs de la comédie italienne, est une comédie tant elle est riche d'humour et savoureuse. Le jeu est simple et linéaire, mais abondant et structuré. Il est aéré et rythmé d'un bout à l'autre de la pièce. L'interprétation, quant à elle, est vive et attrayante : les protagonistes, colorés et dynamiques, s'avèrent attachants. Cela a rendu le jeu accrocheur. Et même si l'on est détaché au milieu de la pièce, c'est-à-dire le jeu perd aussi bien de sa mesure que de sa vivacité et de son attraction, le rythme reprend peu à peu et de plus belle et à une cadence prenante suscitant ainsi l'intérêt du public. L'interprétation, authentique, donne au jeu fluidité et transparence qui confère à la pièce du caractère et une réelle portée dramaturgique. Le jeu est sobre, mais mené avec autant de délicatesse que de sensibilité. Il est solide, cohérent et substantiel. Cette pièce a été un pur moment de divertissement. A noter enfin que la pièce, jouée en langue française, s'inscrit dans un théâtre mêlant le classique au contemporain, car, selon le metteur en scène, Marcello Scuderi, «c'est une adaptation d'une pièce ancienne, tirée du théâtre classique italien, mais qui est très moderne dans ses propos». Réactualisée, la pièce est le prolongement de la traditionnelle problématique opposant l'homme à la femme.