Dans un décor sobre, les deux comédiens vont s'affronter sur scène dans un rythme vif et enjoué. Le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi a ré-sonné mercredi dernier au son de la langue italienne mais surtout française. La raison? le contexte de la pièce. Un metteur en scène et une comédienne italiens vivent désormais en France. Ils doivent s'adapter à l'environnement et aux impératifs du métier pour se faire comprendre par leur nouveau public. Ils se disent aimer la France et la langue de Molière et n'hésitent pas à introduire des mots italiens caustiques, quelque peu «clichés» pour faire plus couleur locale. Ce sont là les deux personnages-clés de la pièce de théâtre Duetto, adaptée du texte de La Locandiera (La belle aubergiste) de l'auteur italien Carlo Goldoni, qui a été présentée mercredi soir au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi d'Alger et ce, sur initiative de l'Institut culturel italien. Dans un décor sobre, le jeu est dispensé par deux comédiens, Marcello Scuderi, dans le rôle d'un metteur en scène (véritable metteur en scène de la pièce) et Vittoria Scognamiglio, dans la peau d'une actrice de cinéma qui décide de passer une audition pour interpréter «Mirandolina», l'héroïne de La Locandiera. Ces deux-là vont s'affronter sur scène dans un rythme vif et enjoué. La comédienne tout de rouge vêtue, est authentique et d'un naturel enjoué. Ces manières de comédienne de cinéma font sourire. Car elles sont vraies. Beaucoup de comédiennes pourraient s'identifier dans ses gestes. Une reproduction soignée et bien étudiée par le metteur en scène Marcello Scuderi qui a eu la lourde tâche d'endosser aussi la casquette de comédien en se mettant dans la peau de cet interlocuteur, le «macho». L'histoire déroulée est ainsi celle de Mirandolina qui se veut être une femme libre et charmante. Aussi, elle tente de séduire un chevalier rustre et allergique au sexe opposé en lui donnant tout bonnement raison. En effet, l'esprit contradictoire et l'indifférence envers le sexe opposé marchent à tous les coups. Ou presque. Cette pièce en est le témoin hilarant. Le début de l'audition est un peu tendu. Le metteur en scène et l'actrice donnent l'impression de ne pas bien s'entendre, mais au cours de l'histoire, la vapeur se renverse et une sorte de séduction commence à s'installer entre les deux personnages, et ce, de par leurs gestes et répliques, marqués par des notes d'humour sous le regard amusé de l'assistance. Le metteur en scène se confond avec le chevalier et vice versa. Alors que le metteur en scène devait écourter cette séance de casting, il passe plus de temps que prévu avec cette comédienne qui s'avère être une femme redoutable, une pro dans son genre. Les chapitres de la pièce choisie pour l'audition - ils font partie du théâtre classique italien, datant du XVIIIe siècle - s'entrecroisent avec des répliques contemporaines exprimées par le metteur en scène et l'actrice en toute spontanéité, car en fin de compte, un amour partagé est né. Les qualités artistiques et humaines de l'actrice ont séduit le metteur en scène, qui a du mal à lui révéler ses sentiments. Il a eu tout de même l'intelligence de profiter de certains passages de la pièce de théâtre pour le lui faire comprendre. L'actrice décroche le rôle de Mirandolina, le metteur en scène lui déclare sa flamme, mais il fut surpris par sa réaction farfelue et désemparée. Elle ne trouve rien à lui dire sauf un sympathique ou un plutôt pathétique... «Ciao» qui laissa ce dernier perplexe. Dans une déclaration, Marcello Scuderi, qui est également le metteur en scène de la pièce Duetto, a affirmé que cette pièce est «un spectacle de théâtre mêlant le classique au contemporain, car c'est une adaptation d'une pièce ancienne, tirée du théâtre classique italien, mais qui est très moderne dans ses propos». L'amour, la passion, l'attirance, bref, la séduction sont en effet, des sujets éternels et qui peuvent être joués inlassablement sans ennuyer le public, ajouté à cela un zeste d'humour et un espace de scène bien rempli et cela donne une pièce de théâtre réussie!