Résumé de la 5e partie n Le vieux monsieur décède. On vend tous les meubles et autres objets que contenait la maison et on la détruit... Les gens s'arrêtaient à la grille et regardaient avec admiration. Les moineaux par douzaines, perchés sur les arbustes et la vigne vierge qui couvrait les murs de côté babillaient de toutes sortes de choses, mais pas de la vieille maison ; aucun d'eux ne l'avait jamais vue : car il s'était passé, depuis lors, bien du temps, oui, tant d'années que, dans l'intervalle, le petit garçon était devenu un homme, et un homme distingué qui faisait la joie de ses vieux parents. Il s'était marié et il habitait, avec sa jeune femme, justement la belle maison dont nous venons de parler. Un jour, ils étaient dans le jardin, et la jeune dame plantait une fleur des champs qu'elle avait rapportée de la promenade, et qu'elle trouvait aussi belle qu'une fleur de serre. Elle raffermissait, de ses petites mains, la terre autour de la racine, lorsqu'elle se sentit comme piquée aux doigts. «Aïe !» s'écrie-t-elle, et elle aperçoit quelque chose qui brille. Qu'était- ce ? Devinez-vous ? C'était le soldat de plomb, que le vieux monsieur avait cherché vainement et qui était tombé là pendant les démolitions, se trouvait sous terre depuis tant d'années. La jeune dame le retira, et, sans lui en vouloir de ce qu'il l'avait piquée, elle le nettoya avec une feuille humide de rosée, et le sécha avec son mouchoir fin, qui sentait bon. Et le soldat de plomb était bien aise, comme s'il se réveillait d'un long évanouissement. «Laisse-moi le voir», dit le jeune homme, en souriant. Puis il hocha la tête et continua : «Non, ce ne peut pas être le même ; mais il me rappelle un autre soldat de plomb que j'avais lorsque j'étais petit.» Et il raconta l'histoire de la vieille maison, et du vieux monsieur, auquel il avait envoyé, pour lui tenir compagnie, son soldat de plomb. La jeune dame fut touchée jusqu'aux larmes de ce récit, surtout quand il fut question du portrait qui avait été acheté chez le marchand de bric-à-brac. «Il serait cependant possible, dit-elle, que ce fût le même soldat de plomb. Je veux le garder avec soin ; il me rappellera ce que tu viens de me conter. Tu me conduiras, n'est-ce pas, sur la tombe du vieux monsieur ? Je ne sais pas où elle se trouve, répondit-il ; j'ai demandé à la voir, personne n'a pu me l'indiquer. Tous ses amis étaient morts. Je sais seulement que c'est très loin d'ici ; au moment où on a emporté le cercueil, je n'ai pas questionné ; j'étais trop petit pour aller si loin y porter des fleurs. Oh ! Comme il a été seul, dans sa tombe également ! dit la dame, personne n'en aura pris soin. Moi aussi, j'ai été longtemps bien seul, se dit le soldat de plomb ; mais, quelle compensation aujourd'hui ; je ne suis pas oublié !» Comme la dame l'emportait dans la maison, il jeta un dernier regard sur l'endroit où il était resté tant d'années ; que vit-il, ressemblant à de la vulgaire terre ? Un morceau de la belle tapisserie. La dorure, elle, avait entièrement disparue. Et, de sa fine oreille, le soldat entendit un murmure où il distinguait ces paroles : «La dorure passe, mais le cuir reste.» S'il avait pu, il aurait volontiers haussé les épaules ; chez lui, couleur et dorure étaient restées.