Terreur n Beaucoup rêvaient de la voir morte, d'autres voulaient même l'aider à mourir en empoisonnant sa nourriture et sa boisson. Autrefois, il y a de cela bien longtemps, vivait une reine qui était sévère avec tout le monde. Après la mort de son mari, et comme ses enfants étaient très jeunes pour régner, elle a pris les rênes du pouvoir. Elle croyait, pour le garder, qu'elle devait se méfier de tout le monde et surtout se montrer très dure pour faire peur à d'éventuels prétendants au trône. Elle était tout le temps en train de surveiller ses domestiques, ses sujets et de les réprimander, qu'ils aient tort ou raison. — Que fais-tu là, à traîner dans les couloirs ? Tu devrais être en train de travailler ! Je ne te paye pas pour déambuler ! Même les notables et les conseillers n'échappaient pas à ses critiques. — Fainéants, vous ne faites rien ! Vous n'êtes bons qu'à festoyer et à chasser ! Si vous continuez à vous comporter de la sorte, je vous chasserai du palais ! Ceux qui protestaient étaient aussitôt châtiés. On la craignait donc et on la détestait. Beaucoup rêvaient de la voir morte, d'autres voulaient même l'aider à mourir en empoisonnant sa nourriture et sa boisson, mais personne, par crainte d'être découvert, n'osait passer à l'acte. Elle ne s'en rendait pas compte et continuait à punir ses sujets, croyant ainsi inspirer le respect et faire régner l'ordre. Ses conseillers avaient, comme tout le monde, peur d'elle et faisaient tout pour lui être agréable. Quand elle leur demandait, par exemple, ce que ses sujets pensaient d'elle, ils s'empressaient de lui dire. — Votre Majesté, tout le monde vous respecte et vous aime ! — Vous êtes sûrs de ce que vous dites ? — Ah, oui, majesté, tout le monde fait votre éloge ! Elle hoche la tête. — On doit me trouver bien sévère ! Les conseillers s'écrient, en chœur : — Non majesté, vous êtes une femme droite ! La reine continue : — Peut-être que je suis trop expéditive ! Les conseillers répondent comme un seul homme. — Non, non, vos méthodes sont les meilleures ! — Vous en êtes sûrs ? — Oui, on trouve que la criminalité a presque disparu, dit un conseiller ! — Les paysans travaillent et produisent ! dit un deuxième. — Les impôts entrent, les coffres du royaume sont pleins ! dit un troisième. Et le vizir, satisfait de ces comptes-rendus, conclut. — Vous voyez, majesté, votre peuple est un peuple heureux ! Elle fronce les sourcils. — Dois-je vraiment vous croire ? — Nous ne vous disons que la vérité ! — Je vous fais confiance mais gare à vous si vous me mentez ! (à suivre...)