Le député UMP des Alpes-Maritimes, Lionel Luca, l'un des instigateurs de la campagne contre le dernier film de Rachid Bouchareb, Hors-la-loi, s'est vu décerner hier, vendredi, le prix de la «Bêtise avec un grand B», créé par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (Sacd). Ce prix, attribué par des auteurs réunis au sein du conseil d'administration de la Sacd, vise à «honorer ceux qui, en toute méconnaissance de cause, prendront dorénavant l'initiative de tenter de limiter la liberté d'expression en s'attaquant publiquement à des œuvres sans les avoir lues ou vues», souligne la Sacd dans un communiqué, précisant que «le prix a été décerné, à l'unanimité, pour la première fois, au député des Alpes-Maritimes, Lionel Luca». «En effet, dans un grand élan de respect et de tolérance, Lionel Luca a dénoncé le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, écrit par Olivier Lorelle et Rachid Bouchareb, qui sera présenté en compétition au Festival de Cannes, estimant que ce film, qu'il n'a pas vu, est «manichéen» et qu'il s'agit «d'une falsification historique», relève la Sacd. Ce député «s'est ainsi positionné, à la suite de quelques autres ces derniers temps, dans la grande tradition démocratique du ‘'je ne l'ai pas lu, je ne l'ai pas vu, mais j'en ai entendu causer'', donc j'en exige son interdiction». Hors-la-loi, une suite du film de Bouchareb, Indigènes, primé au Festival de Cannes en 2006, a été sélectionné en compétition officielle de ce même festival pour présenter l'Algérie. Il a été la cible, avant qu'il ne soit vu, d'une virulente campagne initiée par des associations nostalgiques de la période coloniale française relayée par deux députés. Douze historiens et créateurs français ont dénoncé, dans un texte rendu public, mercredi dernier, ce «retour des guerres de mémoires», tout en défendant l'œuvre de Rachid Bouchareb. R. C. / APS