Trois longues semaines de fustigation, aucune image vue, Rachid Bouchareb en Wait and see. Depuis la sélection à la 63 ème édition du festival de Cannes du film de Rachid Bouchareb, "Hors la loi ", l'oeuvre n'a pas cessé de susciter une vive polémique qu'un député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, l'un des instigateurs de la campagne contre le dernier né de Bouchareb l'a accusé bien sûr sans l'avoir vu, de falsifier l'histoire. Cependant, on a écouté des voix notamment celles des intellectuels vivant en France qui l'avaient fermement défendu dans un communiqué publié au monde la semaine dernière, mais le concerné n'a réagi qu'au lendemain de l'ouverture officielle de Cannes, avec le film américain, Robin des Bois. C'est depuis Los Angeles où il se trouvait que le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb a réagi en appelant au calme et en souhaitant que les désaccords suscités par son film s'expriment "dans la sérénité". Une réaction qui a été d'ailleurs reprise par la presse mondiale. "Depuis trois semaines, une polémique précède la présentation à Cannes de mon film ''Hors La Loi'', alors que ceux qui participent à cette polémique n'ont pas vu le film". Le réalisateur de "Indigènes " (film primé à Cannes en 2006), rappelle que "Hors la loi" est un film de fiction, une saga qui raconte l'histoire de trois frères algériens et de leur mère sur une période de plus de trente-cinq ans, du milieu des années trente à l'indépendance de l'Algérie en 1962". Il précise par ailleurs qu'il " faut qu'il soit possible que le cinéma aborde tous les sujets". Le réalisateur dont le long métrage sera projeté en compétition officielle aux côtés de 19 autres films, sortira en salle le 22 septembre prochain. Le film qui représentera l'Algérie sera projeté sous le pavillon algérien où seront présents d'ailleurs quelques jeunes, notamment Yasmina Chouikh qui participe dans la section parallèle du Short Corner avec son court métrage, " Djin. ". Rachid Bouchareb explique qu'il n'a pas fait un film d'histoire mais qu'en tant que cinéaste "Je le fais avec ma sensibilité, sans obliger quiconque à la partager. Après les projections, il sera temps que le débat public se déroule". Il rappelle qu'il reste attaché à la liberté d'expression, et qu'à ses yeux, il paraît normal que certains puissent être en désaccord avec son film. Pour autant, il souhaite que ce désaccord s'exprime dans un cadre pacifique et dans la sérénité du débat d'idées. "Pour le monde entier, la France est une terre de liberté et je suis particulièrement fier d'y montrer mon film, dans le plus prestigieux des festivals. Je souhaite que cette projection se fasse dans le respect mutuel et dans un climat serein", conclut-il. Le prix de la Bêtise décerné au député UMP Samedi dernier, le député UMP qui a amorcé la polémique autour de "Hors la loi " s'est vu décerner le prix de la "Bêtise avec un grand B", créé par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD). Ce prix, attribué par des auteurs réunis au sein du conseil d'administration de la SACD, vise à "honorer ceux qui, en toute méconnaissance de cause, prendront dorénavant l'initiative de tenter de limiter la liberté d'expression en s'attaquant publiquement à des oeuvres sans les avoir lues ou vues", souligne la SACD dans un communiqué, précisant que "le prix a été décerné, à l'unanimité, pour la première fois, au député des Alpes-Maritimes, Lionel Luca".En effet, dans un grand élan de respect et de tolérance, Lionel Luca a dénoncé le film Hors la loi de Rachid Bouchareb, écrit par Olivier Lorelle et Rachid Bouchareb, qui sera présenté en compétition au Festival de Cannes, estimant que ce film, qu'il n'a pas vu, est " manichéen " et qu'il s'agit " d'une falsification historique ", relève la SACD. Ce député "s'est ainsi positionné, à la suite de quelques autres ces derniers temps, dans la grande tradition démocratique du " je ne l'ai pas lu, je ne l'ai pas vu, mais j'en ai entendu causer donc j'en exige l'interdiction ".