Résumé de la 4e partie n Le couple de vieillards continue à évoquer ses souvenirs... Oui, tout était exquis quand la petite fille l'expliquait au garçon. Toujours, le sureau embaumait, et toujours flottait le drapeau rouge à la croix blanche, sous lequel le vieux marin de Nyboder avait navigué. Le garçon devenait un jeune homme ; il devait partir dans le vaste monde : loin, loin, vers les pays chauds où pousse le café. Au moment de l'adieu, la petite fille prit sur sa poitrine une fleur de sureau et la lui tendit afin qu'il la garde entre les pages de son livre de psaumes, et chaque fois que dans les pays étrangers il ouvrait son livre, c'était juste à la place de la fleur du souvenir. A mesure qu'il la regardait, elle devenait de plus en plus fraîche : il lui semblait sentir le parfum des forêts danoises. Au milieu des pétales de la fleur, il voyait la petite fille aux clairs yeux bleus et elle lui murmurait : «Qu'il fait bon au printemps, en été, en automne, en hiver». Des centaines d'images glissaient dans ses pensées. Les années passèrent. Il devint un vieil homme assis avec sa femme sous un arbre en fleurs, la tenant par la main comme les aïeux de Nyboder, et comme eux ils parlaient des jours anciens, des noces d'or. La petite fée aux yeux bleus, avec des fleurs dans les cheveux, était assise dans l'arbre et les saluait de la tête en disant : «C'est le jour de vos noces d'or !» Elle prit deux fleurs de sa couronne, posa deux baisers... Alors, elles brillèrent d'abord comme de l'argent, puis comme de l'or, et lorsqu'elle les posa sur la tête des vieilles gens chaque fleur devint une couronne. Tous deux étaient assis là, comme roi et reine, sous l'arbre odorant qui avait bien l'air d'un sureau, et le mari raconta à sa vieille l'histoire de la fée du Sureau comme on la lui avait contée quand il était un petit garçon et tous les deux trouvèrent qu'elle ressemblait à leur propre histoire : les passages les plus semblables étaient ceux qui leur plaisaient le plus. — Oui, c'est ainsi, dit la fée dans l'arbre, les uns m'appellent fée, les autres dryade, mais mon vrai nom est «Souvenir». Je suis assise dans l'arbre qui pousse et qui repousse et je me souviens et je raconte ! Fais-moi voir si tu as gardé mon cadeau. Le vieil homme ouvrit son livre de psaumes ; la fleur de sureau était là, fraîche comme si l'on venait de l'y déposer. Alors, «Souvenir» sourit, les deux vieux avec leur couronne d'or sur la tête, assis dans la lueur rouge du soleil couchant, fermèrent les yeux et l'histoire est finie ! Dans son lit, le petit garçon ne savait pas s'il avait dormi ou s'il avait entendu un conte. La théière était là, sur la table, mais aucun sureau n'en jaillissait, et le vieux monsieur qui avait raconté l'histoire allait justement s'en aller. — Comme c'était joli, maman, dit le petit garçon. J'ai été dans les pays chauds. — Oui, ça, je veux bien le croire, dit la mère, quand on a dans le corps deux tasses de tisane de sureau brûlante, on doit bien se sentir dans les pays chauds. Elle remonta bien les couvertures pour qu'il ne prenne pas froid. — Tu as sûrement dormi pendant que je me disputais avec le monsieur pour savoir si c'était un conte ou une histoire ! — Où est la fée du Sureau ? demanda l'enfant. — Elle est là, sur la théière, dit la mère. Eh bien ! qu'elle y reste. Andersen